Véritable transmission des principes médicaux
Auteur : Zheng Qin-an
Titre : Yili Zhenchuan – Véritable transmission des principes médicaux
Traduction & commentaires : Abel Gläser
Ed. de l’Institut Liang Shen de Médecine Chinoise, novembre 2021.
2ème édition, revue et augmenté.
Format : 200 X 270mm – 390 pages – Cousu collé.
Couverture souple, laminée alu
ISBN : 978-2-8399-3550-0
Préface de la première édition
Voici un ouvrage qui peut véritablement transformer et asseoir la manière dont le praticien aborde le diagnostic et le traitement.
C’est la seconde publication de l’Institut Liang Shen parmi celles qui initient à la pratique et à la théorie des six systèmes. Le Shanghan Lun fut publié dans l’esprit de combler un manque, comme une mère peut manquer à ses enfants ; le Yi Li Zhen Chuan, quant à lui, apporte un guide, une direction, comme un père dont la vertu serait d’être un modèle pour ses enfants. Alors que le Shanghan Lun est, in fine, entièrement tourné vers la Terre (Kun), le Yi Li Zhen Chuan est, lui, entièrement consacré au Ciel et au trait médian au centre du trigramme Qian. Alors que le Shanghan Lun est comme un trésor aux ressources inépuisables, le Yi Li Zhen Chuan est un livre précieux contenant des outils parmi les plus performants.
Les secrets méthodiques et les principes pour sauver la vie qu’il contient auraient pu continuer à rester dans l’ombre et finir par disparaître dans l’oubli. Mais voilà qu’un homme, Zheng Qin-an, a décidé de les mettre en lumière, avec des mots simples, une logique claire, voire lumineuse, dans un ouvrage somme toute facilement accessible. Alors que le Shanghan Lun reste encore une œuvre complexe et difficile d’accès, le Yi Li Zhen Chuan, lui, peut se comprendre avec peu d’efforts.
Pour cela, il convenait de reprendre les fondements théoriques de la médecine chinoise ; et c’est ce que Zheng Qin-an nous propose dans la première partie du livre, comme une étape liminaire incontournable du reste de l’ouvrage. Il s’agit donc bien des « fondements théoriques » qui sont abordés ici. Il reste néanmoins important de souligner que la théorie (lǐ理) de la médecine chinoise ne se limite pas à de simples règles ou hypothèses induites par l’observation des phénomènes et l’expérience des faits. Le lǐ n’est pas uniquement fondateur de la science médicale chinoise, il en est l’essence même, à l’image de la texture ou de la fibre qui constitue la structure des choseset des êtres. Il est intimement le matériel subtil et constituant de la science médicale chinoise ; il en détermine la nature, la place ainsi que sa légitimité dans le monde. C’est ainsi par le lǐ que l’on conçoit la médecine chinoise comme une science immanente et co-présente à la nature, comme un élément constituant autant que participant aux transformations de l’environnement naturel.
Zheng Qin-an avait acquis une connaissance approfondie du yin yang, des six systèmes (liu jing) ainsi que des subtilités de l’œuvre de Zhang Zhong-jing (le Shanghan Zabing Lun, Traité des Blessures dues au Froid et des Maladies Diverses). À propos du yin yang, il nous livre ici des informations intangibles et cruciales – dans un style simple mais ciselé –, particulièrement au sujet de la primauté du yang véritable et de son importance majeure pour la compréhension et le traitement des maladies. Ainsi, il nous offre avec une précision impeccable les méthodes justes pour différencier les syndromes yin et les syndromes yang, incluant bien évidemment les situations de fausse chaleur et de vrai froid ; c’est d’ailleurs à l’endroit de la distinction du vrai et du faux que Qin-an est le plus brillant : ses analyses tant théoriques que cliniques sont précises, définitives et indiscutables. Encore une fois, il nous livre dans la partie centrale du livre – à travers plusieurs cas cliniques exemplaires – unesomme de mécanismes pathologiques des plus inspirants avec autant de brio que de générosité.
Enfin, c’est dans la définition et le traitement des mécanismes pathologiques d’échappement du yang véritable que l’œuvrede Zheng Qin-an le fait entrer au panthéon des grandes figures de la médecine chinoise. À ce titre, toute la pensée médicale de Zheng Qin-an pourrait se résumer à cette seule phrase :
« S’il [apparaît] un syndrome de feu déficience qui se précipite en haut ou autre, c’est clairement l’eau qui est en excès (l’eau, c’est le yin). Lorsque l’eau est en excès d’un pouce, alors le dragon sera aussi en excès d’un pouce (le dragon, c’est le feu). Si l’eau s’élève d’un pied, alors le dragon s’élève lui aussi d’un pied. Le dragon erre parce que l’eau excède, non parce que le dragon ne plonge pas [pour se cacher] et va à l’encontre de son état normal [qui est d’être caché dans la profondeur des abysses]. »
C’est tout simplement lumineux et éclairant de vérité.
Je voudrais, pour finir, ajouter un mot d’emphase sur la traduction d’Abel Gläser. Elle est concise et touche droit au cœur. Elle reflète évidemment le style de l’auteur ; encore fallait-il que le traducteur puise en lui-même la lumière suffisante pour le transcrire.
« Celui qui peut différencier le yin yang des douze méridiens connaît le lieu d’origine des maladies » (Ling Shu chap. 52)
Que cet ouvrage renforce dans le médecin sa capacité à protéger la vie.
Frédéric Breton Genève, le 20 avril 2015