(traduit par Jonathan Masi 馬思)
Professeurs et chercheurs de l’université de pharmacologie, d’hématologie et d’oncologie de Zhengzhou, province du Henan :
Jia Jin-hu 贾金虎 Zhang Yi 张懿 Yu Zi-xuan 于子轩 Peng Chen 彭琛 Wang Yi-kun 王一坤 Sun Hong-xin孙宏新
Introduction :
À travers la littérature, les différentes recherches et expériences cliniques, on note ces dernières années une analyse théorique sur les traitements de cancers par l’utilisation des remèdes du vent et l’on constate des effets bénéfiques sur les traitements de cancers du poumon, du foie, sur les tumeurs cérébrales, les cancers colorectal et autres types de cancers. C’est principalement l’apoptose qui permet de réguler et contrôler les voies de pénétration des cellules atteintes ainsi que la prolifération métastatique. Elles viennent contrôler le cancer en maîtrisant l’angiogenèse tumorale, en renforçant l’immunité et en renversant les multirésistances cellulaires aux médicaments afin de déployer le mécanisme de résistance face aux cancers. Aujourd’hui encore, les modalités de choix de traitement des cancers mettent l’accent sous des formes pathogènes matérielles, comme les mucosités troubles et les stases de sang. L’application des remèdes du vent dans le domaine de la lutte contre le cancer n’a pas encore été largement approuvé. Il est ainsi nécessaire de continuer une recherche standardisée et une exploration des mécanismes d’actions sur les traitements cliniques des cancers à travers les remèdes du vent dans le but de pouvoir fournir un nouveau raisonnement sur le traitement de ces tumeurs malignes.
[Mots clefs] : remèdes du vent, tumeurs malignes, mécanismes d’actions, progrès et recherches.
Le Centre National de cancérologie estime qu’en 2022, le nombre de nouveaux cas de cancer en Chine pourrait se situer autour 4,82 millions, avec 3,21 millions de nouveaux décès liés au cancer. Ces chiffres devraient continuer de croître, causant de graves dommages sur le plan sociétal et humain. Même si l’on connaît un développement rapide dans le traitement des tumeurs malignes, notamment à travers la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, les thérapies ciblées et l’immunothérapie, les effets secondaires des médicaments et les phénomènes de résistance limitent encore l’application clinique. Prolonger la durée de vie des patients, améliorer leur qualité de vie et réduire les taux de récidive et de métastases demeurent des défis majeurs non résolus. Dans la médecine chinoise, les tumeurs malignes appartiennent aux catégories des « accumulations/masses (ji ju 积聚) » et « masses et obstruction abdominales (zheng jia 癥瘕) ». Lors de la période pré-Qin (autour des 221 av. J.-C.), les médecins avaient déjà présenté le vent pathogène comme étroitement lié au cancer. Par exemple, au chapitre 66 du Ling Shu灵枢 [L’origine des cent maladies], il est mentionné : « L’origine des accumulations se produit par sa rencontre avec le froid » “积之始生,得寒乃生”et au chapitre 78 du Ling Shu [Les neuf aiguilles] il est indiqué : « Lorsque les huit vents des quatre saisons s’invitent dans les méridiens et les collatéraux (jing luo), cela provoque des tumeurs » “四时八风之客于经络之中,为瘤病者也”, démontrant ainsi que le vent pathogène est un facteur important dans la formation des masses et accumulations, fournissant ainsi un important socle théorique pour l’utilisation des remèdes du vent dans le traitement des tumeurs malignes. Ainsi, les médecins contemporains n’ont cessé d’améliorer ce système théorique concernant les remèdes du vent pour la lutte contre le cancer et l’ont ainsi appliqué en clinique. De nombreuses recherches modernes confirment l’efficacité des remèdes du vent dans le domaine de la cancérologie. Néanmoins, malgré les avancées académiques et les résultats de recherche obtenus ces dernières années, les études sur ces plantes là, restent principalement axées sur des expériences de base et leur application clinique ne s’est pas encore répandue. Par conséquent, cet article propose une revue des recherches théoriques, cliniques et expérimentales menée ces dernières années sur l’utilisation des remèdes du vent dans le traitement des tumeurs malignes afin de favoriser la transition des résultats expérimentaux vers une application clinique efficace.
1. Recherches théoriques sur le traitement des tumeurs malignes par les remèdes du vent.
1.1 Exploration des causes des tumeurs induites par le vent pathogène et analyse des mécanismes des remèdes du vent dans leurs actions anticancéreuses.
Concernant les relations entre le vent pathogène (feng xie风邪) et les tumeurs, le Su Wen 素问, au chapitre 42 [Théorie sur le vent] mentionne : « Ainsi, le vent accroît l’ensemble des maladies, ses transformations peuvent mener à d’autres maladies, sans principes fixes, mais qui impliquent cependant le qi du vent.» “故风者百病之长也,至其变化,乃为他病也,无常方,然致有风气也。”Lorsque le vent pathogène s’étend aux maladies, il se caractérise par de nombreuses transformations et ne suit aucune règle particulière et les changements pathologiques sont un facteur intrinsèque du vent pathogène. Et bien qu’il soit à l’origine de diverses pathologies, il demeure un facteur pathogène intrinsèque. Par conséquent, quel que soit le type de maladie induit par le vent, les remèdes du vent peuvent être utilisés pour le chasser. Au chapitre 66 du Ling Shu [L’origine des cent maladies], il est indiqué : « Par conséquent, lorsque l’agent pathogène qui a pour cause une déficience (xu xie 虚邪) attaque l’individu, cela commence par la peau, si la peau se relâche alors les pores et interstices de la peau (cou li腠理) s’ouvrent et s’ils s’ouvrent, alors le pathogène depuis les poils pénètre. Une pénétration profonde fera dresser les poils, si c’est le cas, cela sera accompagné de grelots et la peau sera alors douloureuse. Si ce pathogène vide reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer dans les vaisseaux collatéraux (luo mai 络脉). Quand il se situe dans les collatéraux, la douleur apparaît aux muscles. Douleurs qui par moment cessent car passent par d’autres grands méridiens (da jing 大经) qui subissent l’agent pathogène à la place des collatéraux. Si le pathogène reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer dans les méridiens. Quand il se situe dans les méridiens, cela s’accompagne de grelots avec crainte du froid et on est facilement effrayé. Si le pathogène reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer aux points shu (俞) des vaisseaux. Quand il se situe aux points shu, les six méridiens ne communiquent plus, alors les articulations aux quatre membres sont douloureuses, les lombes et la colonne vertébrale deviennent raides. Si le pathogène reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer au vaisseau chongmai (冲). Quand il se situe au vaisseau chongmai, on observe lourdeur et douleur du corps. Si le pathogène reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer au niveau des intestins et de l’estomac. Quand il se situe à ce niveau là, il se produit des borborygmes accompagnés de distensions abdominales. Si la présence de froid est importante, les borborygmes sont accompagnés de diarrhées avec présence d’aliments non digérés. Si la chaleur prédomine, les selles sont alors visqueuses semblable à une bouillie. Si le pathogène reste et ne part pas, il va se transmettre et demeurer à la surface des intestins et de l’estomac, au niveau de la membrane originelle (mu yuan募原), s’agrippe aux vaisseaux, prolonge son séjour et ne part plus. Il s’accroît, se développe et forme une masse accumulée (ji 积). De façon générale, l’agent pathogène entre en contact avec les vaisseaux tertiaires (sun mai孙脉), avec les vaisseaux collatéraux, avec les vaisseaux méridiens (jing mai 经脉), avec les vaisseaux et les points, avec la partie cachée du chongmai, avec les muscles para-vertébraux ou avec les membranes originelles de l’estomac et des intestins. En haut il se lie avec les tendons relâchés (huan jin 缓筋) [désigne demanière vaste les tendons de yangming, et a un lien avec le tendon confluent (zong jin 宗筋)]. Les discours sur les invasions et les débordements du qi pathogène sont innombrables. » “是故虚邪之中也,始于皮肤,皮肤缓则腠理开,开则邪从毛发入,入则抵深,深则毛发立,毛发立则淅然,故皮肤痛。留而不去,传舍于络脉,在络之时,痛于肌肉,其病时痛时息,大经乃代。留而不去,传舍于经,在经之时,洒淅喜惊。留而不去,传舍于输,在输之时,六经不通四肢,则肢节痛,腰脊乃强。留而不去,传舍于伏冲之脉,在伏冲之时,体重身痛。留而不去,传舍于肠胃,在肠胃之时,贲响腹胀,多寒则肠鸣飧泄,食不化,多热则溏出糜。留而不去,传舍于肠胃之外,募原之间,留著于脉,稽留而不去,息而成积,或着孙脉,或着络脉,或着经脉,或着俞脉,或着于伏冲之脉,或着于膂筋,或着于肠胃之募原,上连于缓筋,邪气淫泆,不可胜论。” Il s’agit là d’une analyse sur l’origine des tumeurs malignes causée par un vent voleur pathogène depuis sa pénétration par la peau, se transmettant ensuite aux collatéraux puis aux entrailles, de la surface vers la profondeur pour s’accumuler et s’accroître progressivement. De même, au chapitre 78 du Ling Shu [Les neuf aiguilles] il est mentionné la présence des huit vents des quatre saisons, et que lorsque le pathogène s’invite dans les méridiens et les collatéraux, cela provoque des tumeurs. Sur cette base, le vent pathogène en tant que facteur important favorisant les maladies tumorales est documenté dans les ouvrages médicaux à travers les dynasties. Par exemple, dans le Zhu Bing Yuan Hou Lun诸病源候论 [traité d’étiologie et symptomatologie des maladies] de Chao Yuan-fang (巢元方), il est dit : « Les accumulations (ji ju积聚) apparaissent à l’interne à cause du froid. Lorsque le sang et le qi sont faibles, le vent pathogène agresse les organes et les entrailles (zang fu脏腑). Un excès de froid entraîne un ralentissement, le ralentissement du qi engendre des accumulations. » Cela illustre comment un vent pathogène peut affaiblir l’interne en agressant les organes et les entrailles, provoquant la perte des fonctions des cinq organes, la stagnation du qi et du sang, des liquides organiques ne pouvant librement se mouvoir provoquant ainsi la formation d’accumulations et masses. D’ailleurs, Zhang Jing-yue (张景岳), dans le Jing Yue Quan Shu景岳全书 [Œuvre intégrale de Jing Yue], au chapitre des accumulations et masses affirme également que : « Les maladies d’accumulations et de masses sont causées par divers facteurs tels que l’alimentation, le sang, le qi, ainsi que le vent et le froid. » “积聚之病,凡饮食、血气、风寒之属,皆能致之.”Néanmoins, il souligne également l’importance des facteurs pathogènes externes de vent et de froid comme causes importantes à la formation des tumeurs. Le professeur Zhou Zhong-ying (周仲瑛) a présenté la « toxine cancéreuse » comme facteur pathogène spécifique au cancer, souvent associé à d’autres facteurs pathogènes non spécifiques pouvant correspondre à une maladie. Parmi ces facteurs pathogènes, le vent pathogène souvent combiné à la « toxine cancéreuse. » L’équipe de Cheng Hai-bo (程海波), assure la continuité des travaux du professeur de médecine chinoiseZhou Zhong-ying sur le concept basé autour de la « toxine cancéreuse » en développant la théorie de la pathogénie de la toxine cancéreuse. Ils considèrent que le « vent toxique » est l’une des sept toxines cancéreuses. Et c’est ainsi que parmi les huit méthodes de traitement, chasser le vent et libérer les toxines est devenue centrale dans le traitement des cancers. On peut ainsi observer que les médecins anciens et modernes, reconnaissent le vent pathogène comme un élément clé dans le développement des cancers. Ce vent pathogène s’initie tout au long de la formation des masses tumorales. Ainsi, la méthode consistant à « chasser les agents pathogènes externes » est d’une importance capitale dans le traitement des tumeurs malignes.
1.2. Origines et synthèses théoriques sur l’utilisation anticancéreuse des remèdes du vent. Avant la période Jin (1115-1234) et Yuan (1277-1367), la notion autour des remèdes du vent était principalement limité à l’expulsion du vent externe et à l’apaisement du vent interne et l’utilisation de ces remèdes étant essentiellement consacrée aux symptômes causés par le vent pathogène. Durant la période Jin-Yuan, Zhang Yuan-su (张元素) et son disciple Li Dong-yuan (李东垣) ont fondé une théorie sur différentes règles et aspects autour des remèdes du vent, venant élargir considérablement leur domaine d’application. Zhang Yuan-su, dans le Yi Xue Qi Yuan医学启源 [Éclairages sur les origines des études médicales] au chapitre Yao Lei Fa Xiang (règles et aspects sur les catégories de remèdes) donne aux remèdes du vent, des caractéristiques ascendantes, flottantes et qui se développent, venant ainsi les résumer en trois mots : « Le vent fait s’élever et engendre » “风升生”. Il a ainsi présenté vingt sortes de plantes, telles que fangfeng, qianghuo, qinjiao, chuanxiong, weilingxian et tianma. Son disciple Li Dong-yuan, dans le Pi Wei Lun 脾胃论 [Traité de la Rate et de l’Estomac], a clairement introduit la notion de remèdes du vent. Dans son principe de traitement des pathologies, notamment lorsqu’il souhaitait réguler la rate et l’estomac, Li Dong-yuan utilisait souvent des remèdes du vent. En effet, il considérait que lors d’un vide et d’une faiblesse de la rate et l’estomac, le yang qi n’est pas engendré et donc le qi des cinq organes ne peut être produit. Dans ce contexte, l’utilisation de remèdes du vent, avec leur nature ascendante et flottante, permettent de stimuler et d’accroître le qi. La rate et l’estomac constituent la racine du qi originel (yuan qi元气) et le pivot des mouvements ascendants et descendants. Lorsque la rate et l’estomac sont bien portant, aucune maladie ne peut alors se développer. Zhang Yuan-su et son disciple Li Dong-yuan ont permis de fournir une théorie à partir des règles et aspects sur les remèdes du vent pour une utilisation dans le traitement des maladies complexes en médecine interne allant au-delà du simple traitement des affections causées par le vent pathogène. Les médecins contemporains ont considérablement mis en avant les applications des remèdes du vent. Ils considèrent que tous les remèdes avec une action ascendante favorisant la clarté du yang, la libre circulation des mécanismes du qi, l’expulsion du vent et de l’humidité, l’activation de la circulation du sang avec transformation des stases et que par ailleurs, ils permettent une amélioration des effets thérapeutiques par leur synergie avec les autres remèdes, peuvent être classées dans la catégorie des plantes médicinales du vent. Ces plantes peuvent être utilisées pour traiter diverses maladies internes, les tumeurs ne faisant pas exception. Le professeur Liu Shang-yi (刘尚义) considère que la nature des remèdes du vent possèdent un qi semblable avec celle de la toxine cancéreuse. Traiter par l’utilisation de ces plantes permet une forme de communion et une affinité similaire facilitant l’harmonie et la bonne pénétration des plantes au sein de la pathologie : La toxine cancéreuse étant de nature dormante alors que les plantes médicinales du vent, possèdent plutôt une nature de dispersion et de mouvement à la recherche d’agents pathogènes enfouis. Elles peuvent ainsi atteindre directement la maladie afin d’expulser et d’éliminer les facteurs pathogènes. Wang San-hu (王三虎) considère, lui, que le vent externe pénètre l’interne et devient la cause principale du développement des tumeurs. En clinique, c’est à travers le diagnostic différentiel (bian zheng辨证) qu’il convient d’utiliser des « remèdes ciblés » ayant des propriétés comme celles de chasser le vent et d’arrêter la douleur ou bien celles de transformer les mucosités ou encore d’assécher l’humidité, etc.. En résumé, les plantes de saveur piquante et de nature tiède aux caractéristiques ascendantes, dispersantes et mobiles, après diagnostic différentiel, peuvent être utilisées dans toutes sortes de pathologies causées par les stases de sang, les mucosités troubles, les déficiences par épuisements, etc., les tumeurs ne faisant pas exception à cette règle.
2. Application clinique des remèdes du vent dans le traitement des tumeurs malignes. Le Su Wen, au chapitre 42 [Théorie sur le vent], mentionne que : « Le vent est le maître des cents maladies » “风者,为百病之长也”, mettant ainsi en lumière le vaste domaine des effets du vent pathogène dans les causes de maladies. Parmi les pathogènes des six excès climatiques (liu yin 六淫), le vent est considéré comme précurseur et s’infiltre partout, de la surface vers l’interne, et pouvant affecter à différentes localisations les cinq organes et les six entrailles, pouvant ainsi conduire à un vent des cinq organes, un vent au niveau intestinal, au niveau du cerveau, etc.. On peut observer alors des manifestations pathologiques avec des symptômes telles que toux, essoufflement, fatigue générale, faiblesse des membres, perte d’appétit, ballonnements abdominaux, saignements dans les selles, diarrhée, vertiges et maux de tête. Dans le cas des tumeurs, des manifestations peuvent correspondre comme celles décrient au chapitre 66 du Ling Shu [L’origine des cent maladies] en nous précisant « l’attaque soudaine du froid sur la surface et qu’il y a blessure interne par la tristesse ou la colère, cela donne lieu à une élévation du qi à contre-courant, cette élévation du qi à contre-courant bloque la libre circulation des points Shu des six méridiens, le qi de la tiédeur ne circule plus, le sang se figent avec accumulations à l’interne et ne peut se disperser, les liquides organiques se condensent à leur tour. Tout ceci ne part plus et à long terme, cela crée des masses et accumulations. » “ 卒然中外于寒,若内伤于忧怒,则气上逆,气上逆则六输不通,温气不行,凝血蕴裹而不散,津液涩渗,著而不去,而积皆成矣。”En effet, l’invasion du froid pathogène bloque la circulation du yang qi provoquant ainsi la stagnation du sang et des liquides organiques, ce qui, avec le temps, entraîne la formation d’accumulations. Les remèdes du vent possèdent des propriétés de mouvement et de dispersion pouvant atteindre l’ensemble du corps, aussi bien en surface qu’en profondeur, tout en permettant une libre circulation des méridiens du foie, du poumon, de la vessie ainsi que du vaisseau gouverneur (du mai督脉). Elles ont la caractéristique de pouvoir à la fois renforcer et soutenir le correct tout en chassant le pathogène. On peut les utiliser dans le traitement des tumeurs malignes quelque soit leur localisation sur le corps.
2.1 Cancer du poumon. Le développement du cancer du poumon est fondamentalement lié à une déficience du qi correct (zheng qi正气). Le poumon est un organe délicat, de nature pure et vide, le rendant facilement vulnérable aux atteintes de facteurs pathogènes. Les pathogènes externes attaquent et envahissent de sorte que la diffusion et la descente du qi du poumon entraîne un dysfonctionnement de ses fonctions avec obstruction et entrave du métabolisme des liquides organiques conduisant à l’accumulation d’humidité qui se transforme en mucosités (tan痰) ainsi qu’à la stase du sang (yu瘀). Stases de sang et mucosités se nouent mutuellement, qui avec le temps s’accumulent au niveau des poumons venant former des tumeurs et autres grosseurs. Lin Sheng-you (林胜友) se base sur la théorie du « vent interne qui tourbillonne secrètement » (nei feng an xuan 内风暗旋) et va souvent utiliser la combinaison jingjie et fangfeng afin de débloquer les collatéraux et favoriser la diffusion du poumon. Il va utiliser xixin pour réchauffer le poumon, collecter puis abaisser le contre-courant afin d’arrêter la toux. Chuanxiong, sangye et weilingxian seront utilisés pour leur capacité à pénétrer et à faire circuler les méridiens mais aussi à réguler le qi et le sang. Zheng Yu-ling (郑玉玲) utilise souvent une version modifiée de la formule Ren Shen Bai Du San (人参败毒散) pour son efficacité à extraire les pathogènes, libérer la surface, avantager le qi et débloquer les collatéraux. Formule utilisée pour traiter les cancers du poumon avec douleurs thoraciques avec à chaque fois des résultats cliniques satisfaisants. Wang Su-jin (王苏晋) et son équipe considèrent que « la production du feu yin à l’interne » (yin huo nei sheng 阴火内生) est un facteur pathologique important dans le développement du cancer du poumon. En se basant sur l’idée de « dissiper le feu noué » (huo yu fa zhi 火郁发之), ils associent des remèdes du vent afin de disperser le feu stagnant et d’assister le yang qi. L’élévation du yang pur permet la régulation des mécanismes du qi. Cette régulation permet la transformation des mucosités et stases de sang. Zhang Nan (张楠) et son équipe ont mené une étude randomisée comparée sur 60 patients atteints d’adénocarcinome pulmonaire sur un diagnostic différentiel de déficience de la rate avec accumulation d’humidité. Le groupe d’observation a reçu la formule Fu Zheng Xiao Feng Tang (扶正消风汤), comprenant des herbes telles que jingjie, fangfeng, chantui, baixianpi, difuzi, en complément du seul traitement par Géfitinib de médecine occidentale. Les résultats obtenus montrent que le groupe d’observation surpasse le groupe témoin dans l’amélioration des symptômes tels que la toux, les expectorations de mucosités et la fatigue. On note également une réduction du niveau d’antigène carcinoembryonnaire (ACE) et une amélioration du système immunitaire. Zou Dong-xia (邹冬侠) et son équipe ont mené une analyse rétrospective sur 90 cas de cancer du poumon non à petites cellules. Ils ont pu observer que le groupe traité présente une durée médiane de survie sans progression à travers le traitement combiné des formules Si Jun Zi Tang (四君子汤) et Xiao Feng San (消风散). On note cependant une amélioration objective avec un taux supérieur à celui du groupe témoin ; De plus, les résultats symptomatiques et les marqueurs tumoraux étaient significativement réduits dans le groupe traité. En conclusion, l’utilisation des remèdes du vent dans le traitement du cancer du poumon permet non seulement de favoriser la circulation du qi et du sang, de dissiper les mucosités, mais aussi d’améliorer la réponse immunitaire et de soulager les symptômes associés, offrant ainsi une approche thérapeutique bénéfique dans la gestion de la maladie.
2.2 Cancer du foie.
Le foie gouverne le drainage et la dispersion, il aspire au libre mouvement et souffre de la répression, stagnation. Les remèdes du vent sont majoritairement de saveur piquante et possèdent des propriétés de dispersion et de circulation. Les caractéristiques physiologiques du foie s’accorde parfaitement bien avec l’utilisation de ces plantes, ce qui les rendent efficaces dans le traitement des maladies du foie.
Dans ses formules faisant suite au diagnostic différentiel, He Yong-he (贺用和) rajoute fréquemment ce genre de plantes afin de prévenir la métastase dans le traitement clinique du cancer du foie, obtenant ainsi des résultats satisfaisants.
Li Ling-ling (李玲玲) et son équipe ont traité un cancer primaire du foie à base de remèdes d’origine animale en utilisant bihu (geckos), quanxie (scorpions) et wugong (scolopendres), et ont pu observer chez les patients un allongement de leur durée de vie.
Liu Pei-min (刘培民) considère que l’usage des remèdes du vent devrait être utilisé tout au long de l’évolution du cancer du foie, en utilisant en phase initiale des plantes comme fangfeng et qianghuo afin d’expulser le vent qui tend vers le pathogène. Puis, dans la phase de maturation, partir sur des remèdes d’origine animale avec quanxie, wugong, etc., afin de chasser le vent et éliminer la toxicité. Dans les phases avancées, c’est avec l’utilisation de tianma et gouteng que l’on viendra calmer le vent et transformer les mucosités.
Xie Juan (谢娟) et son équipe ont mené une étude contrôlée randomisée auprès de 100 patients atteints de cancer primaire du foie. Dans le groupe expérimental, sur leur traitement initial de chimiothérapie d’une thrombose de l’artère hépatique, l’ajout d’un traitement par pharmacopée à base de quanxie et wugong a révélé de façon significative que les patients avaient moins de fluctuations de l’alpha-fœtoprotéine (AFP) avec un taux de métastases aux poumons inférieur à celui du groupe témoin.
Li Dan-qing (李丹青) et son équipe ont découvert que l’utilisation de remèdes d’origine animale pour le traitement du cancer primaire du foie, réduisait le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGF) et venait également soulager les symptômes de distension et de douleur abdominale chez les patients atteints de cancer du foie leur rendant une qualité de vie meilleure.
2.3 Tumeur cérébrale.
Le vent correspond au pathogène de nature yang et peut facilement attaquer les zones yang du corps avec une nature qui tend à se diriger vers le haut, notamment la tête qui est le point de réunion de toutes les énergies yang. Le vent pathogène se combine facilement à d’autres facteurs pathogènes pour envahir la tête et venant obstruer la circulation du yang pur provoquant la formation de mucosités et de stases pouvant aboutir à une tumeur cérébrale. Les remèdes du vent sont de saveur piquante et appartiennent au yang. Elles sont de natures ascendantes, comme chaihu, shengma, etc., et sont indispensables pour élever le yang pur. Li Dong-yuan, dans son traitement des céphalées après diagnostic différentiel, utilisait ces plantes afin de guider vers les méridiens de la tête. Xu Zhen-ye (徐振晔) considère que la tumeur cérébrale est principalement due à une accumulation de mucosités, d’humidité, de stase de sang et de toxines accompagnées par le vent et montant vers la tête, et que les remèdes du vent peuvent atteindre directement le sommet de la tête. Ainsi, ce traitement assisté et guidé par ces plantes là pour mieux pénétrer le cerveau, permettront d’apaiser le foie et de calmer le vent. En clinique, Li Xiu-rong (李秀荣) rajoute régulièrement wugong et quanxie dans ses formules lors du traitement des tumeurs cérébrales. Le professeur Zhou Zhong-ying (周仲瑛) considère que le vent pathogène est un facteur pathologique majeur dans les tumeurs cérébrales. Dans les cas où le diagnostic différentiel appartient au vent avec obstruction par les mucosités et stases de sang, ou bien qu’un vent yang vient troubler le haut du corps, il préconise alors l’ajout de jiangcan (bombyx séchés), de dilong (lombric séchés), etc., afin de pénétrer les collatéraux et d’éliminer le vent. Tianma et goutengpour apaiser le foie et calmer le vent.
2.4 Cancer colorectal. On dit du gros intestin qu’il gouverne le transit et l’évacuation des déchets et doit rester libre de toutes obstructions. Le vent blesse les collatéraux intestinaux ce qui peut entraîner répression et stagnation empêchant une libre circulation et donnant lieu à une accumulation d’humidité chaleur, de stases et de toxines, favorisant ainsi l’apparition d’un cancer colorectal. Le poumon et le gros intestin partagent une relation dite surface et profondeur (biao li) et lorsque le poumon reçoit un pathogène externe, cela perturbe ses fonctions de descendante et de purification pouvant ainsi influencer les fonctions normales du gros intestin. Par conséquent, les remèdes du vent jouent un rôle importante dans le traitement du cancer du côlon. Dans le Chuan Yang Jing Yan Quan Shu疮疡经验全书 [Ouvrage sur les expériences cliniques en ulcérologie], il est indiqué : « le plus important lors de la méthode de traitement, c’est d’abord de disperser et de libérer le vent pathogène de la rate et de l’estomac. »
Jiang Miao (姜苗) et son équipe considèrent que les caractéristiques des remèdes du vent conviennent au mécanisme pathologique du cancer colorectal. En utilisant leur saveur piquante, leur nature tiède et leur mouvement ascendant, dispersant et pénétrant, elles peuvent ainsi chasser le vent pathogène, élever le yang, éliminer l’humidité, faire circuler le qi et transformer les stases.
Jiang Yi-lan (蒋益兰) présente les remèdes à base d’insectes comme étant capables de faire communiquer les collatéraux, de disperser les nouures afin de réduire les tumeurs. Tout cela en pénétrant et en guidant les méridiens donnant lieu à une amélioration thérapeutique. Dans le traitement clinique du cancer colorectal, wugong, quanxie, bihu, etc., sont souvent utilisés avec à chaque fois de bons résultats.
Luo Yi (罗毅) a proposé que le blocage des pores et téguments et de la stagnation du qi constituent les mécanismes fondamentaux du cancer colorectal. Dans sa pratique clinique, il utilise souvent des remèdes du vent, comme baizhi, fangfeng, etc., afin d’ouvrir les pores de la peau, de faire communiquer le yang mais aussi de réguler et d’harmoniser le qiet le sang.
Li Meng-li (李蒙丽) et son équipe, conformément à la théorie basée sur l’idée de la « barque entraînée par le contre-courant » “逆流挽舟”, ont présenté la formule Ren Shen Bai Du San (人参败毒散) venant s’intégrer dans une approche préventive des lésions précancéreuses du côlon, en complémentant de la formule de base qui tonifie et avantage le qi de la rate, à savoir Si Jun Zi Tang (四君子汤) et par l’utilisation de remèdes du vent afin d’éliminer l’humidité, faire s’élever la pureté du centre et assister la dispersion et la diffusion les liquides organiques des voies intestinales.
2.5 Autres cancers. Lian Jian-wei (连建伟) considère que les tumeurs du système digestif se situent principalement au niveau du foie et de la rate. En clinique, après diagnostic différentiel, des plantes comme chaihu, bohe, suye, etc., sont souvent utilisées pour réguler et harmoniser les mécanismes du qi ; les remèdes de la famille des insectes ainsi que les herbes du vent sont utilisés pour activer la circulation sanguine et arrêter les douleurs ; Jiegeng et suye ouvrent les fonctions de diffusion du qi du poumon afin de réguler le foyer supérieur ; fangfeng et baizhi permettent l’élévation du yang. Zhu Jie (祝捷) utilise régulièrement la formule Ma Huang Fu Zi Xi Xin Tang (麻黄附子细辛汤) pour traiter les tumeurs des organes creux de l’abdomen, ainsi que celles du système respiratoire, celles de la peau mais aussi du système lymphatique et sanguin. Li Jie (李杰) choisit souvent d’utiliser baizhi pour expulser les toxines cancéreuses vers l’extérieur et la combine à puhuang dans le traitement du cancer de l’estomac avec des résultats satisfaisants. Shen Min-he (沈敏鹤) pense que l’apparition des tumeurs est intimement liée à l’humidité pathogène et que le vent peut l’emporter sur l’humidité. Dans le traitement des cancers de la partie supérieure comme par exemple les tumeurs cérébrales, il associe souvent des remèdes du vent afin de permettre la diffusion et la communication. Il combine également avec tianma afin de faciliter la direction et la pénétration des plantes dans les orifices clairs. La combinaison avec la nature pénétrante dequanxie va permettre de chasser le vent et l’humidité. Dans une étude contrôlée randomisée sur 64 patients atteints de cancer de l’œsophage, Peng Ren-tong (彭仁通) a comparé un groupe expérimental utilisant comme base de pharmacopée la formule Hu Qi San (虎七散) avec comme drogue empereur bihu (geckos) et contenant aussi sanqi, zhi huangqi, etc., avec un groupe témoin recevant du carboplatine, cisplatine et interféron. Les résultats ont montré que le groupe expérimental avait des niveaux inférieurs de D-dimère dans le plasma sanguin, une meilleure efficacité thérapeutique et un taux de survie avec une qualité de vie meilleure au groupe témoin. Pei Jun-wen (裴俊文) et son équipe considèrent le vent pathogène comme un facteur majeur dans le développement des lymphomes malins et préconisent une intervention précoce par des traitements de pharmacopée à base de remèdes du vent et en quantité suffisante lors de son utilisation.
2.6 Récidives et métastases des tumeurs malignes.
La nature du vent est d’être mobile et rapidement changeante, lui conférant des similarités avec les caractéristiques de récidives et de métastases des cancers. Lors de la clinique, Li Zhi-yuan (李志远) base souvent sa théorie thérapeutique à partir des concepts du vent, des mucosités et des stases de sang dans le traitement des métastases cérébrales et des cancers du sein, en utilisant quanxie et wugong pour libérer les collatéraux et éliminer le pathogène. Liu Min-chao (刘敏超) et son équipe considèrent que les tumeurs traversent les « collatéraux des trois foyers » (san jiao luo三焦络) et le « palais mystérieux » (xuan fu 玄府) [le palais mystérieux faisant référence aux pores de la peau], produisant récidives et métastases. En clinique, il est essentiel d’utiliser des remèdes du vent afin d’ouvrir les pores, de faire circuler les collatéraux, de dissiper la toxicité dans le but de réguler ce micro-environnement humain et d’empêcher la formation de métastases. Xie Mei-wen (谢美雯) et son équipe, à travers la perspective de la « théorie des méridiens et des collatéraux », présentent des fonctions nutritives sur l’organisme et des connexions interne externe grâce aux méridiens et auxcollatéraux, semblable aux caractéristiques d’infiltration de la paroi gastrique et des métastases distantes dans le cancer de l’estomac. En clinique, ils préconisent l’ajout de shengma, gegen, baizhi, etc., donnant ainsi une direction vers l’estomac et la rate tout en utilisant également des remèdes à base d’insectes pour libérer et désobstruer les méridiens et les collatéraux.
Li Pei-wen (李佩文) présente l’obstruction des pores de la peau comme base pathologique des métastases osseuses dans le cancer du sein. En clinique, il ajoute très souvent des remèdes du vent afin d’entretenir, de faire circuler, d’ouvrir et de libérer ces pores de la peau en obtenant de bons résultats. Ge Yan-sen (葛焰森) présente un lien entre l’hypoxie du micro-environnement tumoral à la répression et stagnation des mécanismes du qi selon la médecine traditionnelle chinoise ; le micro-environnement tumoral est étroitement associé aux métastases. Ge Yan-sen utilise des méthodes de libération de la surface permettant l’ouverture des pores afin de rétablir la circulation des mécanismes du qi, limitant ainsi les récidives et métastases des tumeurs cérébrales.
3. Recherche expérimentale sur le traitement des tumeurs malignes avec les remèdes du vent.
3.1 Induction de l’apoptose et de l’autophagie cellulaires.
Des recherches analogues ont révélé que les remèdes du vent et les prescriptions faites avec ces remèdes permettent de réguler et de contrôler certaines voies de signalisation, favorisant l’apoptose et l’autophagie cellulaires.
L’étude de Li Liang (李亮) et son équipe a indiqué que la formule Ma Huang Fu Zi Xi Xin Tang (麻黄附子细辛汤)peut exercer une action thérapeutique en inhibant la transmission et le déploiement au niveau de la voie de signalisation PI3K/Akt/mTOR concernant le cancer du poumon non à petites cellules.
Sun Xiao-hong (孙晓红) et son équipe ont découvert que la plante fangfeng peut induire l’apoptose des cellules SGC-7901 du cancer de l’estomac. On note une corrélation importante en fonction de la dose.
Chen Jing (陈静) et son équipe ont constaté que l’extrait du remède animal dilong peut, à travers l’ajustement et la réduction de la voie de signalisation wnt/β-caténine, favoriser et accélérer l’apoptose des cellules cancéreuses ovariennes A2780.
Gu Shao-hua (谷少华) et son équipe, après expérimentations, ont présenté l’extrait de la plante baizhi qui, en régulant et contrôlant l’axe SBF2-AS1/miR-329-3p, peut accélérer l’apoptose des cellules cancéreuses ovariennes A2780.
Zhang Yi (张毅) et son équipe ont découvert que l’extrait de qinjiao peut réduire la manifestation de Bcl-2, et augmenter celle de Bax, en induisant l’apoptose des cellules cancéreuses pulmonaires H1975 tout en contrôlant leur prolifération.
3.2 Contrôle de la prolifération et de la métastase des cellules cancéreuses.
Les recherches ont découvert que les remèdes du vent inhibent la prolifération et la métastase des cellules tumorales, principalement en contrôlant la transformations des cellules épithéliales et en régulant la manifestation des gènes associés.Meng Bin (孟斌) et son équipe ont découvert que les huiles essentielles extraites de la plante zisu, peuvent bloquer les cellules cancéreuses du rein OS-RC-2 en phase G2/M, en contrôlant ainsi leur capacité de prolifération. Hu Sheng-fang (胡升芳) et son équipe ont traité à partir d’un sérum de pharmacopée incluant la plante chaihu, les souches cellulaires du cancer du sein SKBR-3. Ils ont observé que pour le groupe de patients avec chaihu, le taux d’inhibition tumorale était significativement supérieur à celui des groupes sans la plante chaihu et que celle du groupe témoin sous sérum physiologiques. Ce mécanisme de contrôle pourrait avoir un lien avec le blocage du cycle cellulaire de SKBR-3 et la limitation de la prolifération. Dong Liang (董梁) et son équipe ont découvert que l’extrait de chuanxiong peut réduire le taux de survie des cellules de cancer du côlon SW620 et SW480 et va aussi augmenter l’expression de p21 et de la Caspase clivée-3, tout en réduisant l’expression de OCT4, SOX2 et Nanog et en diminuant l’activité de l’enzyme ALDH qui, conjointement va limiter la métastase du cancer du côlon.
3.3 Inhibition de l’angiogenèse tumorale.
On note une étroite corrélation entre les tumeurs et les vaisseaux sanguins, car les vaisseaux sanguins sont une source importante d’oxygène et de nutriments essentiels aux cellules cancéreuses, favorisant ainsi leur croissance et prolifération. Les remèdes du vent permettent de réguler l’axe VEGF/récepteur du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGFR) et ainsi limiter l’angiogenèse tumorale. Les recherches de Wang Zhi-xiong (王志雄) et son équipe ont découvert que la plante suye inhibe l’expression des facteurs de croissance endothélial dans les cellules du cancer du sein, vient induire l’apoptose des cellules endothéliales et régule la distribution du cycle cellulaire en limitant le développement de l’angiogenèse tumorale. Fang Yu-xiao (方雨潇) et son équipe ont découvert que la formule Chai Hu Gui Zhi Tang (柴胡桂枝汤)peut réduire l’expression de la TNF-α (facteur de nécrose tumorale-α), et les facteurs induits par l’hypoxie (HIF-1α), de VEGF-A ainsi que l’EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique), en régulant et contrôlant la voie de signalisation HIF-1α/VEGFA afin de déployer une action anti-angiogenèse dans le cas du cancer du sein triple négatif.
Yuan Qin (袁琴) et son équipe ont administré par voie orale une décoction de Yu Ping Feng San (玉屏风散), dont l’herbe médicinale fangfeng est l’un des principaux composants, à des souris porteuses d’un cancer du foie Hepa1-6 in situ. Ils ont constaté que cette décoction réduisait le niveau de VEGF (facteur de croissance endothélial vasculaire) dans les tissus tumoraux, et que cet effet était positivement corrélé à la dose administrée.
3.4 Renforcer l’immunité de l’organisme.
De nombreuses études ont confirmé que les remèdes du vent améliorent la fonction immunitaire de l’organisme. Wang Hong-jun (王宏君) et son équipe ont découvert que la décoction Sheng Yang Yi Wei Tang (comprenant fangfeng, chaihu,qianghuo, duhuo, huangqi, etc.) pouvait renforcer l’immunité des rats atteints de cancer du poumon en inhibant la voie de signalisation PI3K/Akt/NF-κB, en régulant le niveau des cellules T, et en augmentant les indices thymiques et spléniques.
Wang Qiang (王强) et son équipe ont utilisé des polysaccharides de tianma pour intervenir sur des souris porteuses de tumeurs H22 du foie, montrant que les niveaux de leucocytes ainsi que les indices des organes de la rate et du thymus des souris du groupe tianma étaient significativement plus élevés que ceux des groupes recevant une solution saline ou du cyclophosphamide.
Li Tao (李涛) et son équipe, utilisant des cellules MGC80-3 du cancer gastrique, des cellules U251 des tumeurs cérébrales humaines et des cellules H22 du cancer du foie chez la souris, ont administré un extrait de niubangzi en immunisation chez des rats. Les résultats ont montré que cet extrait pouvait améliorer la capacité des rats à reconnaître et à détruire les cellules tumorales, renforçant ainsi la réponse immunitaire spécifique de l’organisme.
3.5 Réversion de la multirésistance des cellules tumorales aux médicaments.
Les cellules souches tumorales résiduelles dans l’organisme sont étroitement liées à la résistance aux médicaments des tumeurs. Wang Yao-han (王耀焓) et son équipe ont découvert qu’une faible dose de chuanxiong pouvait inhiber l’expression de la protéine de résistance ABCG2 chez les souris porteuses de cellules de cancer du poumon PG-BE1, et qu’elle exerçait un effet cytotoxique sur les cellules souches en inhibant l’expression de la protéine HIF-1α.
Dong He-ling (董合玲) et son équipe ont constaté que la formule Bu Zhong Yi Qi Tang (补中益气汤), composée de shengma, chaihu et d’autres herbes, diminuait les récepteurs aux œstrogènes (ER), les récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGFR), les récepteurs 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2) et de la protéine kinase B (PKB), ainsi que l’expression génétique, et qu’elle inversait la résistance des cellules MCF-7 aux médicaments.
He Yi-yun (何艺韵) et son équipe ont démontré que le saponine A de chaihu, un de ses principaux composants, pouvait augmenter la sensibilité des cellules résistantes A549/DDP au cisplatine en inhibant la voie de signalisation Wnt/β-catenin.
4. Résumé et perspectives L’application des remèdes du vent pour les tumeurs malignes sont majoritairement utilisées pour le cancer du poumon, du foie, les tumeurs cérébrales et le cancer colorectal. Aux premiers stades de la maladie, ces plantes visent principalement à inverser la progression de la maladie et à intervenir précocement. Aux stades intermédiaires et avancés, elles vont chasser le vent pathogène et les toxines, calmer le vent et transformer les mucosités. Leur effet anticancéreux va se déployer principalement grâce à l’harmonisation du qi et du sang, la régulation des méridiens, l’élimination du vent et la dispersion des agents pathogènes. Les recherches expérimentales ont confirmé que les remèdes du vent peuvent non seulement intervenir directement ou indirectement sur la prolifération, la migration et l’apoptose des cellules cancéreuses pouvant déployer une action anticancéreuse directe, mais aussi que l’efficacité thérapeutique de ces plantes permet de renforcer la capacité de l’organisme à lutter contre le cancer, à soulager les symptômes cliniques des patients et à fortement améliorer leur qualité de vie. Cependant, les recherches cliniques actuelles sur les effets anticancéreux des remèdes du vent reposent principalement sur des conclusions de cas et d’expériences. Ces recherches se limitent principalement à des études monocentriques et à petits échantillons laissant ainsi paraître un manque de rigueur et de persuasion. Il est donc fondamental de réaliser des essais cliniques de grande envergure et multicentriques afin de vérifier l’efficacité et la sécurité des plantes qui libèrent la surface du vent dans le traitement des cancers. Sur le plan expérimental, la complexité des composants chimiques de la pharmacopée chinoise et les profondes limites expérimentales, nécessitent une exploration plus poussée en ciblant nos champs d’actions et les mécanismes moléculaires des remèdes du vent. La tendance actuelle de la combinaison entre la médecine chinoise et la médecine occidentale semble être une évolution inévitable dans le traitement des tumeurs. Cependant, une recherche approfondie sur les remèdes du vent pourrait permettre d’améliorer encore l’efficacité clinique dans le traitement des tumeurs.
Source : article extrait du magazine « revue de cancérologie en médecine chinoise », Janvier 2014, Volume 6, numéro 1.
中医肿瘤学杂志2024年1月 第6卷第 1期。
Note :
L’ensemble des médecins cités dans l’article ci-dessus sont des médecins contemporains, pour la majorité d’entre eux encore en activité. L’article relève néanmoins le nom de quatre médecins historiques présentés ci-dessous :
– Chao Yuan-fang (巢元方) est un médecin et taoïste célèbre qui vécut de 550 a 630 pendant la Dynastie Sui. Il est l’auteur du Zhu Bing Yuan Hou Lun诸病源候论 [Traité sur l’origine et les symptômes de toutes les maladies], un volumineux ouvrage dédié à la description des symptômes et des causes des maladies, composé en 50 rouleaux.
– Zhang Jing-yue (张景岳), aussi appelé Zhang Jie-bin (张介宾), est un médecin très célèbre de la Dynastie Ming qui a vécu de 1563 a 1640. Il est l’auteur du Lei Jing 类经, du Lei Jing Tu Yi 类经图翼et du Lei Jing Fu Yi 类经附翼. Il est aussi l’auteur de l’ouvrage de pharmacologie Ben Cao Zheng 本草正qui forme les rouleaux 48 et 49 de son œuvre intégrale, le Jing Yue Quan Shu 景岳全书, publié en 1624. Il est l’un des principaux représentants de « l’école de la calorification et de la tonifcation » (wen bu xue pai 温补学派).
– Zhang Yuan-su (张元素), aussi appelé Zhang Jie-gu (张洁古), est un médecin célèbre de la Dynastie Jin qui vécut au XIIeme siècle. Il est l’auteur, entre-autres, du Yi Xue Qi Yuan 医学启源 et de l’ouvrage de pharmacopée Zhen Zhu Nang珍珠囊 (Sac de Perles), et il fut notamment le maître d’éminents médecins comme Wang Hao-gu (王好古) et Li Dong-yuan (李东垣).
– Li Dong-yuan(李东垣), aussi appelé Li Gao (李杲), vécut de 1180 a 1251. Il est un célèbre médecin des Dynasties Jin et Yuan. Il reçut son enseignement médical du renomme Zhang Yuan-su. Il a notamment laissé comme ouvrage le Pi Wei Lun 脾胃论 [Traité de la rate et de lʼestomac], le Nei Wai Shang Bian Huo Lun 内外伤辩惑论 [Traité pour discerner les confusions des blessures internes et externes] et le Lan Shi Mi Cang 兰室秘藏 [Secrets cachés de la chambre d’Orchidée].
Substances médicinales présentées dans l’article :
fangfeng防风 (Radix Saposhnikoviae) dilong地龙 (Pberetima)
qinjiao秦艽 (Radix Gentianae Macrophyllae) chuanxiong川芎 (Rhizoma Chuanxiong)
weilingxian威灵仙 (Radix Clematidis) tianma天麻 (Rhizoma Gastrodiae)
jingjie荆芥 (Herba Schizonepetae) xixin细辛 (Herba Asari)
sangye桑叶 (Folium Mori) chantui蝉蜕 (Periostracum Cicadae)
baixianpi白鲜皮 (Cortex Dictamni) difuzi地肤子 (Fructus Kochiae)
bihu壁虎 (House Lizard) quanxie全蝎 (Scorpion)
wugong蜈蚣 (Scolopendra) gouteng钩藤 (Uncaria Rhynchophylla)
chaihu柴胡 (Radix Bupleuri) shengma升麻 (Rhizoma Cimicifugae)
jiangcan僵蚕 (Bombyx Batryticatus) zhi huangqi炙黄芪 (Radix Astragali)
bohe薄荷 (Herba Menthae) qianghuo羌活 (Rhizoma seu Radix Notopterygii)
baizhi白芷 (Radix Angelicae Dahuricae) gegen葛根 (Radix Puerariae)
zisuye紫苏叶 (Folium Perillae) jiegeng桔梗 (Radix Platycodi)
puhuang蒲黄 (Pollen Typhae) sanqi三七 (Radix Notoginseng)