La transpiration rouge hóng hàn(红汗)
par la méthode de la ventouse (bá guàn fǎ , 拔罐法)
Par Frédéric Breton
Pour quelles raisons le traitement par ventouse peut traiter les syndromes de superficie de Taiyang ?
Approche selon la théorie du Shanghanlun.
La médecine ne consiste pas tant à appliquer les méthodes qu'à connaître et comprendre les raisons de leurs mécanismes
Dans la blessure de la superficie de Taiyang par l’attaque du Froid il y a fièvre avec crainte du froid, douleur du corps, absence de transpiration, dyspnée, le pouls est superficiel (fu) et serré (jin). Le traitement consiste à provoquer la transpiration, chasser le froid pour libérer la superficie, favoriser la diffusion du Poumon et calmer la dyspnée. La méthode est la sudorification 汗法 par le piquant-tiède. On traite avec Mahuang Tang (Décoction [à base] de de tiges d'éphèdre).
L’utilisation de Mahuang Tang (Décoction [à base] de de tiges d'éphèdre) fait l’objet de neuf contre-indication traditionnelles. De plus, en europe, mahuang (herba hephedrae) est un produit souvent interdit à la vente, à la détention et à la consommation. Alors comment procéder lorsqu’il n’est pas possible de prescrire Mahuang Tang ?
1. Utilisation des thérapies par le feu
Les thérapies par le feu sont décrites dans six articles du Shanghan Lun. Elles recouvrent l'aiguille chauffée, la moxibustion, la fumigation (Huoxun –火熏) et la pierre chauffée.
La transformation de l’eau froide de Taiyang (太阳寒水) par le Feu peut induire la transpiration ; c’est pourquoi ces méthodes peuvent favoriser la transpiration pour libérer la surface et chasser le froid ainsi que pour restaurer le Yang et calmer la douleur dans les maladies de ‘bi’ par exemple.
Cependant plusieurs articles (1) du Shanghanlun leur confèrent certains effets indésirables.
Sous l’effet de la thérapie par le feu, le facteur pathogène accumulé à la surface peut se transformer en chaleur sans libérer la surface du corps et provoquer diverses situations internes comme troubles du Shen, confusion mentale, agitation anxieuse, nervosité, paroles délirantes, frayeurs, troubles du sommeil, ictère, hémorragies diverses, blessure des liquides organiques et de l’eau véritable, agitation du vent interne par le Feu.
Ainsi, même si la thérapie par le feu peut tout à fait favoriser la sudorification et traiter le syndrome « biao froid », il convient de l’utiliser avec mesure et précaution.
2. L’utilisation des ventouses
L’usage des ventouses posées sur la partie dorsale du Méridien Taiyang de pied est fréquent dans le traitement du syndrome biao. La raison la plus souvent évoquée est celle de « chasser le vent et froid, et favoriser la diffusion du Poumon pour éliminer le facteur pthogène par la voie cutanée». Ceci est la méthode mais cela n’explique pas le mécanisme de la méthode. On peut se demander par quel mécanisme le traitement par ventouse peut alors se substituer à la sudorification et traiter ainsi la maladie de superficie de Taiyang.
Au chapitre « xiě qì xíng zhì血氣形志 », le Suwen dit « Il y a plus de sang que de qi dans le taiyang ». Le Sang et la transpiration ont une origine commune (qui est le yin véritable). Aussi, lorsque on applique la ventouse sur le méridien de Taiyang le sang de Taiyang est attiré à la surface ; comme le sang et la transpiration on une même origine, cette action d’extravasation du sang de Taiyang se substitue au principe de la sudorification.
A l’article 46 du Shanghan lun on lit :
« Lors de la maladie de taiyang, le pouls est superficiel (fu) et serré (jin), il y a absence de transpiration, fièvre, douleurs du corps, [après] huit ou neuf jours ce n'est pas dissipé, le syndrome à la surface est encore présent, ici il convient de faire la sudorification. On traite avec Mahuangtang . [Après] la prise des herbes il y a déjà légèrement élimination [du pervers], le patient aura de la dysphorie (fa fan发烦) et les yeux qui se ferment [tous seuls] (mu ming目瞑), dans les cas graves il y aura épistaxis (nü衄), après l'épistaxis [le pervers] sera dissipé. La raison en est que le yang qi est redoublé. »
Dans cette situation décrite par Zhang Zhong-jing, il y dépassement de la période de résolution de la maladie. Zhang dit que dans le cas marqué il y a épistaxis et que celà dissipe le facteur pathogène de sorte que l’épistaxis (2) se substitue à la transpiration, ce que les médecins postérieurs ont appelé la ‘transpiration rouge’.
Ainsi, selon le principe énoncé par Zhang zhongjing on peut comprendre comment le traitement par la ventouse sur le méridien de Taiyang peut substituer à la sudorification dans le cas léger , et concevoir la possibilité de faire la saignée sur le Taiyang dans le cas plus marqué dès lors que le Yangqi est solide.
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Notes :
(1) Il s’agit des articles 6, 111, 112, 113, 118 et 200 du Shanghan Lun.
(2) Il y a épistaxis parceque la maladie a déjà fait un cycle (6 à 7 jours). Ici il y a dépassement : au 8ème ou 9ème jour il peut y avoir épistaxis car le méridien de Taiyang commence à la base du nez.