Date de publication : 12 mai 2023
Articles 13 et 14 du chapitre 6 du Jingui Yaolüe intitulé Pouls, symptômes et traitements des maladies d'obstruction du sang (xue bi) et de consomption par déficience (xu lao) (血痹虚劳病脉证治第六)
(Extrait de la traduction du Jin Gui Yao Lüe - Ed. de l'Institut Liang Shen de Médecine Chinoise, à paraître en 2023)
Par Abel Gläser & Thomas van Gelder
Article 13 du chapitre 6 du JGYL :
虚劳里急,悸,衄,腹中痛,梦失精,四肢酸疼,手足烦热,咽干口燥,小建中汤主之。
Xū láo lǐ jí, jì, nǜ, fù zhōng tòng, mèng shī jīng, sì zhī suān téng, shǒu zú fán rè, yān gān kǒu zào, Xiǎo Jiàn Zhōng Tāng zhǔ zhī.
小建中汤方:桂枝(三两,去皮) 甘草(三两,炙) 大枣(十二枚) 芍药(六两) 生姜(二两) 胶饴(一升)。上六味,以水七升,煮取三升,去滓,纳胶饴,更上微火消解,温服一升,日三服。(呕家不可用建中汤,以甜故也。)(《千金》疗男女因积冷气滞,或大病后不复常,若四肢沉重,骨肉酸疼,吸吸少气,行动喘乏,胸满气急,腰背强痛,心中虚悸,咽干唇燥,面体少色,或饮食无味,胁肋腹胀,头重不举,多卧少起,甚者积年,轻者百日,渐致瘦弱,五脏气竭,则难可复常,六脉俱不足,虚寒乏气,少腹拘急,羸瘠百病,名曰黄芪建中汤,又有人参二两。)
Xiǎo Jiàn Zhōng Tāng fāng : Guìzhī (sān liǎng, qù pí) gāncǎo (sān liǎng, zhì) dàzǎo (shí èr méi) sháoyào (liù liǎng) shēngjiāng (èr liǎng) jiāoyí (yī shēng). Shàng liù wèi, yǐ shuǐ qī shēng, zhǔ qǔ sān shēng, qù zǐ, nà jiāo yí, gèng shàng wēi huǒ xiāo jiě, wēn fú yī shēng, rì sān fú. (Ǒu jiā bù kě yòng jiàn zhōng tāng, yǐ tián gù yě.) (« Qiān jīn » liáo nán nǚ yīn jī lěng qì zhì, huò dà bìng hòu bú fù cháng, ruò sì zhī chén zhòng, gǔ ròu suān téng, xī xī shǎo qì, xíng dòng chuǎn fá, xiōng mǎn qì jí, yāo bèi qiáng tòng, xīn zhōng xū jì, yān gàn chún zào, miàn tǐ shǎo sè, huò yǐn shí wú wèi, xié lèi fù zhàng, tóu zhòng bú jǔ, duō wò shǎo qǐ, shèn zhě jī nián, qīng zhě bǎi rì, jiàn zhì shòu ruò, wǔ zāng qì jié, zé nán kě fù cháng, liù mài jù bú zú, xū hán fá qì, shǎo fù jū jí, léi jí bǎi bìng, míng yuē huáng qí jiàn zhōng tāng, yòu yǒu rén shēn èr liǎng.)
Lors de la consomption par déficience (xu lao) avec tensions à l'interne [au niveau abdominal], palpitations, épistaxis (nü), douleurs dans l'abdomen, spermatorrhées durant les rêves, courbatures et douleurs des quatre membres, dysphorie et chaleur des mains et des pieds, et bouche et gorge sèches, on traite avec Xiao Jian Zhong Tang.[1]
Formule Xiao Jian Zhong Tang :
Guizhi 3 liang (enlever l'écorce), zhi gancao 3 liang, dazao 12 fruits, shaoyao 6 liang, shengjiang 2 liang, jiaoyi[2] 1 sheng.[3]
Prendre les six produits ci-dessus, utiliser 1400 ml d'eau, cuire jusqu'à obtenir 600 ml, enlever les résidus [des herbes], incorporer jiaoyi, mettre à nouveau sur un feu léger pour le dissoudre, administrer tiède 200 ml, trois fois par jour[4].[5] [6]
ANNOTATIONS :
[1] : Dans le chapitre 9 du Ling Shu, il est inscrit : « Lorsque le yin et le yang sont tous insuffisants, si on tonifie le yang, alors cela consume le yin, si on disperse le yin, alors il y a échappement du yang, s'il en est ainsi, on peut soigner en utilisant des remèdes [de saveur] douce ». (阴阳俱不足,补阳则阴竭,泻阴则阳脱。如是者,可将以甘药).
Xu Ke-zhong commente : « Le syndrome discuté dans cet article appartient à une déficience de yang. La déficience de yang est une déficience de qi. Généralement, pour les patients avec une déficience de qi, il faut aider la rate, c'est pourquoi on utilise Xiao Jian Zhong Tang pour traiter. Il est dit qu'il y a consomption par déficience (xu lao), le qi du yang originel (yuan yang) ne peut plus contrôler l'essence (jing) et le sang, alors le nutritif (rong) est asséché et déficient et le qi à l'interne est en tension. Dans le [chapitre 60 du] Nei Jing [Su Wen], il est dit : “S'il y a maladie du chongmai, il y a contre-courant du qi et des tensions à l'interne” (冲脉为病,逆气里急), il se forme des palpitations, des épistaxis, des douleurs dans l'abdomen ou des spermatorrhées. Le qi du yang originel ne peut plus remplir les quatre membres, la bouche et la gorge à l'extérieur, alors il y a déficience de yang et sécheresse et il se forme les courbatures et douleurs des quatre membres, la dysphorie des mains et des pieds, la sécheresse de la bouche et de la gorge. Dès que le grand qi dans le thorax est transporté, alors le qi pathologique de la sécheresse et de la chaleur est éliminé naturellement. Ainsi, on utilise guizhi, shaoyao, gancao, shengjiang et dazao pour harmoniser grandement le nutritif (rong) et le défensif (wei) et on ajoute le produit yitang pour établir le qi central. Cette formule est l'ancêtre de Bu Zhong Yi Qi Tang du [médecin Li Dong-yuan des] générations postérieures et, bien qu'il n'y ait pas shengma et chaihu, cependant elle possède tous les principes de l'élévation du clair (sheng qing 升清) et de l'abaissement du trouble (jiang zhuo 降浊) ». (上章所论证,概属阳虚,阳虚者气虚也,气虚之人大概当助脾,故以小建中汤主之。谓虚劳者,元阳之气不能内统精血,则荣枯而虚,里气乃急,《内经》曰:“冲脉为病,逆气里急”。为悸,为衄,为腹中痛,梦失精;元阳之气不能外充四肢口咽,则阳虚而燥,为四肢痠疼,为手足烦,为咽干口燥。假令胸中之大气一转,则燥热之病气自行。故以桂芍甘姜枣大和其荣卫,而加饴糖一味以建立中气。此后世补中益气汤之祖也,虽无升柴,而升清降浊之理具于此方矣).
Wu Qian commente : « La consomption par déficience [et tous les symptômes décrits à la suite] désignent de manière générale les symptômes de la consomption par déficience (xu lao zhi zheng 虚劳之证), cela ne signifie pas que les symptômes de la consomption par déficience sont limités à ceux-ci, c'est pourquoi dans l'article 14 en suivant il y a l'expression “pour toutes les insuffisances (zhu bu zu 诸不足)”. Sans exception, on traite avec Xiao Jian Zhong Tang, cela a la signification de légèrement renforcer et rétablir le centre déficient. [Cet article] avec les six articles suivants discutent tous de la consomption par déficience et chacun présente une formule pour traiter ». (虚劳云云者,概虚劳之证而言也,非谓虚劳之证,止于此也,故下文有诸不足之说也。均主以小建中汤者,欲小小建立中虚之意,合下六节,皆论虚劳,各有所主之方也 ).
Shen Ming-zong commente : « Il s'agit d'une formule pour secourir le nutritif (ying) et le défensif (wei). Il ne s'agit pas d'une maladie de consomption par déficience (xu lao) due à la blessure du Ciel antérieur (xian tian), mais il s'agit d'une blessure du nutritif et du défensif du Ciel postérieur. S'il y a blessure du qi central du Ciel postérieur, alors le nutritif et le défensif ne remplissent plus les cinq organes, les organes et les entrailles n'ont plus rien sur quoi s'appuyer, il y a affaiblissement progressif de l'essence (jing) et du sang, alors chaque organe et entraille sera malade et les modifications symptomatologiques seront innombrables. Comme le sang nutritif n'irrigue plus le chongmai, alors il y a qi à contre-courant et tension à l'interne [au niveau abdominal]. Le yin des reins ne peut plus accomplir “l'hexagramme 63 (Ji Ji 既济)” [du Yi Jing, où le Feu (Li 离) est caché en bas et l'Eau (Kan 坎) est en haut, et où il y a communication entre le haut et le bas, entre l'eau et le feu, c'est l'hexagramme de “l'Accomplissement Déjà réalisé” (Ji Ji 既济)], l'éminent qi du feu du cœur s'agite à l'interne, alors il y a des palpitations et des épistaxis. Il y a dysharmonie du foie et de la rate, alors il y a des douleurs dans l'abdomen. Le feu ministre (xiang huo) s'agite de manière absurde, il trouble le centre du yin, alors il y a des spermatorrhées durant les rêves. Le qi nutritif ne remplit plus les quatre membres, alors il y a courbatures et douleurs des quatre membres, et dysphorie et chaleur des mains et des pieds. Les liquides de l'estomac ne sont plus transportés en haut, alors il y a gorge et bouche sèche. C'est en raison de l'insuffisance du qi central que se manifestent tous les symptômes ci-dessus. Dans [Xiao] Jian Zhong Tang, guizhi met le yang en mouvement, shaoyao contient le yin, un yin et un yang, pour harmoniser le nutritif et le défensif. Gancao et jiaoyi, un yin et un yang, pour tonifier et harmoniser le nutritif et le défensif. Shengjiang et dazao, un yin et un yang, pour diffuser et débloquer le nutritif et le défensif et faire en sorte que le nutritif et le défensif soient en harmonie et irriguent les organes et les entrailles. Les organes et les entrailles reçoivent cette aide, alors toutes les déficiences se rétablissent. Dans cette formule pour établir le yin nutritif et le yang défensif, si l'on souhaite tonifier le sang, alors on ajoute danggui ou shaoyao. Si l'on souhaite tonifier le qi, alors on ajoute renshen, huangqi, gancao ou baizhu. Si l'on souhaite tonifier le yin, alors on ajoute dihuang, zhimu ou huangbai. Si l'on souhaite tonifier le yang, alors on ajoute guizhi [ou rougui] ou fuzi. En inférant à partir de cela, les transformations et les modifications sont infinies ».
[2] : Jiaoyi (胶饴) est aussi appelée yitang (饴糖), il s'agit de sucre obtenu en utilisant du riz, de l'orge, du blé ou de la châtaigne macérés dans l'eau, cuits à la vapeur puis mélangés à du malt pour faire fermenter. Sa saveur est douce, sa nature est tiède, elle se rend aux méridiens de la rate, de l'estomac et du poumon. Elle a pour fonction de tonifier le centre et augmenter le qi, fortifier la rate et harmoniser l'estomac, de relâcher les tensions, d'humidifier le poumon, d'arrêter la toux et d'éliminer les toxines.
[3] : La formule Xiao Jian Zhong Tang apparait dans l'article 100 du SHL dans lequel la formule comprend 2 liang de zhi gancao et 3 liang de shengjiang, le reste est exactement similaire.
[4] : En petits caractères, il est inscrit : « Pour les patients sujets aux vomissements il ne faut pas utilise Xiao Jian Zhong Tang car c'est [une formule] sucrée » (呕家不可用建中汤,以甜故也).
En petits caractères, il est également inscrit : « Dans le Qianjin [Yanfang] pour soigner l'accumulation de froid et de stagnation du qi chez l'homme et la femme, le non rétablissement à la normale après une grande maladie (da bing), la lourdeur des quatre membres, les courbatures et les douleurs des chairs et des os, le manque de souffle avec petites inspirations, la dyspnée à l'effort, la plénitude thoracique et la respiration rapide, la raideur et douleur des lombes et du dos, les palpitations par déficience dans le cœur, la gorge et les lèvres sèches, le manque de couleur du visage et du corps, l'absence de saveurs des aliments, la distension des hypochondres, des côtes et de l'abdomen, la lourdeur de la tête et l'impossibilité de la lever, besoin anormal de sommeil et [le patient] se lève peu, dans les cas sévères, cela dure depuis plusieurs années, dans les cas légers, cela dure depuis une centaine de jours, il se produit progressivement une émaciation et de la faiblesse, l'épuisement du qi des cinq organes (zang), ainsi il est difficile de se rétablir normalement, les six pouls (mai) sont tous insuffisants (bu zu), il y a déficience, froid et manque de qi (fa qi), tensions dans le bas-ventre, émaciation marquée et les cents maladies [peuvent survenir], le nom de [la formule pour traiter cette situation] est Huang Qi Jian Zhong Tang, il y a en plus 2 liang de renshen ». (《千金》疗男女因积冷气滞,或大病后不复常,若四肢沉重,骨肉酸疼,吸吸少气,行动喘乏,胸满气急,腰背强痛,心中虚悸,咽干唇燥,面体少色,或饮食无味,胁肋腹胀,头重不举,多卧少起,甚者积年,轻者百日,渐致瘦弱,五脏气竭,则难可复常,六脉俱不足,虚寒乏气,少腹拘急,羸瘠百病,名曰黄芪建中汤,又有人参二两).
[5] : Dans le rouleau 17 du Qianjin Yaofang, Sun Si-miao inscrit : « Pour traiter l'insuffisance du poumon et du gros intestin avec déficience, froid et manque de qi, tensions dans le bas-ventre, douleurs lombaires, émaciation marquée et les cents maladies [peuvent survenir], on utilise Xiao Jian Zhong Tang : dazao 12 pièces, shengjiang 3 liang, guixin 3 liang, gancao 2 liang, shaoyao 6 liang. Concasser les quatre produits ci-dessus, utiliser 1600 ml d'eau, faire cuire en décoction jusqu'à obtenir 600 ml, enlever les résidus [des herbes], incorporer jiaoyi 8 liang, cuire pendant 3 ébullitions diviser en trois prises ». (治肺与大肠俱不足,虚寒乏气,小腹拘急,腰痛羸瘠,百病,小建中汤方。大枣(十二枚) 生姜(三两) 桂心(三两) 甘草(二两) 芍药(六两)。上五[四]味㕮咀,以水八升,煮取三升,去滓,纳糖八两,煮三沸,分三服。《肘后》用黄芪、人参各二两,名黄芪建中汤).
Dans le rouleau 19 du Qianjin Yaofang, Sun Si-miao inscrit : « Jian Zhong Tang est une formule qui traite les cinq consomptions (wu lao) et les sept blessures (qi shang) avec douleurs et tensions dans le bas-ventre, plénitude par déficience de la vessie, froid à contre-courant dans les mains et les pieds, la prise d'aliments fait souffrir de vomissements (tu) de mucosités acides, il y a des vomissements (ou ni), des diarrhées, manque de qi, vertige, surdité, sécheresse de la bouche et les urines qui ne s'écoulent pas. Jiaoyi 1/2 jin, huangqi 3 liang, ganjiang 3 liang, danggui 3 liang, renshen 2 liang, banxia 2 liang, jupi 2 liang, shaoyao 2 liang, gancao 2 liang, fuzi 1 liang, dazao 15 pièces. Concasser les onze produits ci-dessus, utiliser 2000 ml d'eau, faire cuire en décoction jusqu'à obtenir 700 ml, dès que la décoction est prête incorporer jiaoyi et faire bouillir pour la dissoudre, diviser en quatre prises. [Dans la formule] de maître Shen il y a guixin 6 liang et shengjiang 1 jin, et il n'y a pas jupi ni ganjiang ». (建中汤治五劳七伤,小腹急痛,膀胱虚满,手足逆冷,食饮苦吐酸痰,呕逆,泄下,少气,目眩耳袭,口焦,小便自利方。胶饴(半斤) 黄芪 干姜 当归(各三两) 人参 半夏 橘皮 芍药 甘草(各二两) 附子(一两) 大枣(十五枚)。上十一味㕮咀,以水一斗,煮取三升半,汤成下胶饴烊沸,分四服。深师有桂心六两,生姜一斤。无橘皮、干姜。).
Dans le rouleau 19 du Qianjin Yaofang, Sun Si-miao inscrit : « Pour tout ce qui est accumulation de froid et de stagnation du qi chez l'homme et la femme, non rétablissement à la normale après une grande maladie (da bing), la lourdeur des quatre membres, les courbatures et les douleurs des chairs et des os, le manque de souffle avec petites inspirations, la dyspnée et halètement à l'effort, les tensions dans le bas-ventre, la raideur et douleur des lombes et du dos, les palpitations par déficience dans le cœur, la gorge et les lèvres sèches, le manque de couleur du visage et du corps, l'absence de saveurs des aliments, la faiblesse du yin et du yang, la tristesse et le chagrin, le besoin anormal de sommeil et [le patient] se lève peu, dans les cas chroniques, cela dure depuis plusieurs années, dans les cas légers, cela dure depuis une centaine de jours, il se produit progressivement une émaciation et de la faiblesse, l'épuisement du qi des cinq organes (zang), et il est difficile qu'il se rétablisse, on traite avec Xiao Jian Zhong Tang : gancao 1 liang, guixin 3 liang, shengjiang 3 liang, shaoyao 6 liang, jiaoyi 1 sheng, dazao 12 pièces. Concasser les six produits ci-dessus, utiliser 1800 ml d'eau, faire cuire en décoction jusqu'à obtenir 600 ml, enlever les résidus [des herbes], incorporer jiaoyi, administrer à chaque fois 200 ml, 3 fois par jour, refaire une préparation tous les 3 jours. Par la suite, il est possible d'en faire des pilules ou de la poudre. Zhang Zhong-jing dit : “Il ne faut pas l'administrer aux patients sujets aux vomissements”. Dans le [chapitre 33 du] Zhouhou [Beiji Fang], il est dit : “Il est excellent d'ajouter renshen et huangqi. Si le patient souffre de plénitude avec mucosités (tan) et de diarrhées, on peut supprimer jiaoyi”. Dans le Hu Qia [Baibing] Fang il y a banxia 6 liang et huangqi 3 liang ». (凡男女因积劳虚损,或大病后不复常,苦四肢沉滞,骨肉酸疼,吸吸少气,行动喘惙,或小腹拘急,腰背强痛,心中虚悸,咽干唇燥,面体少色,或饮食无味,阴阳废弱,悲忧惨戚,多卧少起,久者积年,轻者百日,渐至瘦削,五脏气竭,则难可复振,治之以小建中汤方。 甘草(一两) 桂心 生姜(各三两) 芍药(六两) 胶饴(一升) 大枣(十二枚)。上六味㕮咀,以水九升,煮取三升,去滓,纳胶饴,每服一升,日三,间三日,复作一剂,后可与诸丸散。仲景云∶呕家不可服。《肘后》云∶加人参、黄芪各二两为佳。若患痰满及溏泻,可除胶饴。《胡洽方》有半夏六两,黄芪三两).
[6] : Cheng Wu-ji commente : « La rate c'est la terre (tu), elle correspond au centre, elle a sa position au centre des quatre organes, elle correspond au territoire central, elle gouverne le foyer moyen, elle engendre le nutritif (rong) et le défensif (wei) et elle débloque et met en mouvement les liquides organiques (jin ye). Dès qu'elle n'est plus harmonieuse, alors le nutritif et le défensif perdent leur nutrition, et les liquides organiques perdent leur mise en mouvement, il faut utiliser [Xiao Jian Zhong] Tang pour tiédir et établir l'organe du centre, ainsi on l'appelle “Établir le Centre (Jian Zhong 建中)”. Jiaoyi est de saveur douce et de nature tiède, gancao est de saveur douce et de nature équilibrée. “La rate aspire au relâchement” (脾欲缓), “on fait urgemment consommer [des produits de saveur] douce pour relâcher” (急食甘以缓之) (SW-22). Pour établir la rate, il faut principalement utiliser des [produits] doux, c'est pourquoi on utilise jiaoyi comme impératrice (jun) et gancao comme ministre (chen). Guizhi est piquante et chaude, “le piquant disperse” (辛散) (SW-22), “le piquant humidifie” (辛润) (SW-74). Si le nutritif et le défensif sont insuffisants, alors on humidifie et on disperse. Shaoyao est de saveur acide et légèrement froide, “l'acide contient” (酸收) (SW-22), “l'acide draine” (酸泄) (SW-74), les liquides organiques ne sont pas arrêtés, ils sont contenus et mis en mouvement. Ainsi, on utilise guizhi et shaoyao comme assistantes (zuo). Shengjiang est de saveur piquante et tiède, dazao est de saveur douce et tiède. L'estomac est la source du défensif (wei), la rate est la racine du nutritif (rong). Le Huangdi Zhenjing [/Ling Shu] dit : “Le nutritif sort du foyer moyen, le défensif sort du foyer supérieur [/inférieur]” (营出于中焦,卫出于下[上]焦) (LS-18). Le défensif est yang, s'il est insuffisant, on le favorise (yi), il faut utiliser du piquant. Le nutritif est yin, s'il est insuffisant, on le tonifie (bu), il faut utilise du doux. Le piquant et le doux se combinent, la rate et l'estomac sont fortifiés et le nutritif et le défensif sont débloqués, ainsi shengjiang et dazao sont les ambassadrices (shi). On dit que Gui Zhi Tang dissipe la surface et shaoyao y est en petite quantité, Xiao Jian Zhong Tang tiédit l'interne et shaoyao y est en grande quantité. Peu savent que ces deux [formules] sont des préparations (zhi 制) pour [la localisation] éloignée ou [la localisation] proche. L'agent pathogène au niveau de la peau correspond à [la localisation] proche, alors on prépare [une formule] avec des petites posologies. Dans Gui Zhi Tang, shaoyao assiste guizhi pour une fonction similaire de dispersion (san), et elle n'a pas le même corps que dans Xiao Jian Zhong Tang. L'agent pathogène dans le cœur et l'abdomen correspond à [la localisation] éloignée, alors on prépare [une formule] avec des grandes posologies. Dans Xiao Jian Zhong Tang, shaoyao assiste jiaoyi pour établir la rate, elle n'a pas la même fonction que dans Gui Zhi Tang. Dans le Nei Jing, il est dit : “Pour [Les formules] paires ou impaires lors de [la localisation] proche [de la maladie], on prépare [une formule] avec des petites posologies. Pour [Les formules] paires ou impaires lors de [la localisation] éloignée [de la maladie], on prépare [une formule] avec des grandes posologies. ” (近而奇偶,制小其服,远而奇偶,制大其服), (SW-74), c'est ce que cela signifie ». (脾者土也,应中央,处四脏之中,为中州,治中焦,生育荣卫,通行津液。一有不调则荣卫失所育,津液失所行,必以此汤温建中脏,是以建中名焉。胶饴味甘温,甘草味甘平,脾欲缓,急食甘以缓之。建脾者,必以甘为主,故以胶饴为君,甘草为臣。桂辛热,辛散也润也,荣卫不足,润而散之。芍药味酸微寒,酸收也泄也,津液不逮,收而行之,是以桂芍药为佐。生姜味辛温,大枣味甘温,胃者卫之源,脾者荣之本,黄帝针经曰“荣出中焦,卫出上焦”是矣。卫为阳,不足者益之,必以辛。荣为阴,不足者补之必以甘。辛甘相合,脾胃健而荣卫通,是以姜枣为使。或谓桂枝汤解表而芍药数少,建中汤温里而芍药数多,殊不知二者远近之制,皮肤之邪为近则制小其服也,桂枝汤芍药佐桂枝同用散,非与建中同体尔。心腹之邪为远则制大其服也,建中汤芍药佐胶饴以建脾,非与桂枝同用尔。内经曰“近而奇偶,制小其服,远而奇偶,制大其服”,此之谓也)
Hu Xi-shu commente : « La sécheresse de la bouche et de la gorge est due à la déficience des liquides organiques, et évidemment il y a une manifestation de chaleur, il s'agit d'une chaleur par déficience, ainsi, on traite avec Xiao Jian Zhong Tang. Lorsque les [médecins des] générations postérieures rencontrent cette situation, ils n'osent pas l'utiliser. Par exemple, s'il y a une grande chaleur et une sécheresse de la bouche et de la gorge, pour ce genre de déficience des liquides, vous éliminez la chaleur est c'est bon. C'est ce que l'on appelle le syndrome de Bai Hu Tang, il y a chaleur nouée à l'interne, et il s'agit d'une chaleur excessive et d'une déficience des liquides organiques, on élimine la chaleur et les liquides organiques sont préservés. S'il y a une forte soif, on ajoute renshen et c'est bon. En cas de véritable déficience du centre et déficience de l'estomac, avec incapacité à digérer les aliments, si on utilise shigao, c'est au péril de la vie [du patient]. À ce moment il faut absolument différencier clairement ! Lorsque l'on utilise les formules, si on ne maîtrise pas cela, alors on va très certainement tuer des patients ! Cela ne veut pas dire que Xiao Jian Zhong Tang traite la bouche et la gorge sèche, mais dans cette situation-là de sécheresse de la bouche et de la gorge, il faut l'utiliser. Si on utilise Bai Hu Tang, alors on va tuer le patient par empoisonnement. En gros, les médecins des générations postérieures ont complètement gâché la méthode du diagnostic différentiel (bian zheng 辨证), ils nuisent aux patients ».
Article 14 du chapitre 6 du JGYL :
虚劳里急,诸不足,黄芪建中汤主之。(于小建中汤内加黄芪一两半,余依上法。气短胸满者,加生姜,腹满者,去枣加茯苓一两半,及疗肺虚损不足,补气加半夏三两。)
Xū láo lǐ jí, zhū bù zú, Huáng Qí Jiàn Zhōng Tāng zhǔ zhī. (Yú Xiǎo Jiàn Zhōng Tāng nèi jiā huángqí yī liǎng bàn, yú gēn jù shàng fǎ. Qì duǎn xiōng mǎn zhě, jiā shēngjiāng, fù mǎn zhě, qù zǎo jiā fúlíng yī liǎng bàn, jí liáo fèi xū sǔn bù zú, bǔ qì jiā bànxià sān liǎng.)
Lors de la consomption par déficience (xu lao) avec tensions à l'interne [au niveau abdominal], et pour toutes les insuffisances [du qi, du sang, du yin et du yang], on traite avec Huang Qi Jian Zhong Tang.
Dans [la formule] Xiao Jian Zhong Tang, on ajoute huangqi 1,5 liang. Pour le reste on se base sur la méthode [de préparation et les recommandations de l'article] ci-dessus.
S'il y a souffle court et plénitude thoracique, on ajoute shengjiang. S'il y a plénitude abdominale, on retire [da]zao et on ajoute fuling 1,5 liang. [Cette formule] traite aussi la déficience du poumon avec endommagement et insuffisance, on tonifie le qi en ajoutant banxia 3 liang.[7]
ANNOTATIONS :
[7] : Xu Zhong-ke commente : « Xiao Jian Zhong Tang, à la base, aide à transformer le qi dans la rate, ainsi les muscles et les chairs sont produits par la rate. Huangqi peut se rendre aux muscles et aux chairs et remplir le qi de l'estomac, c'est pourquoi on l'ajoute afin de tonifier l'insuffisance. Ainsi, guizhi et shaoyao tonifient le yin et le yang de tout le corps, et huangqi et yitang peuvent tonifier le yin et le yang dans la rate ». (小建中汤本取化脾中之气,而肌肉乃脾之所生也。黄茋能走肌肉而实胃气,故加之以补不足,则桂芍所以补一身之阴阳,而黄芪饴糖又所以补脾中之阴阳也).
Wu Qian commente : « Ce que l'on appelle “toutes les insuffisances (zhu bu zu 诸不足) de la consomption par déficience (xu lao) avec tensions à l'interne [au niveau abdominal]” ce sont tous les symptômes d'insuffisance de l'article [13] ci-dessus. Huang Qi Jian Zhong Tang traite les déficiences du centre (zhong) et de l'extérieur (wai), et pas seulement le symptôme de “tensions à l'interne”. Gui Zhi Long Gu Mu Li Tang correspond à Gui Zhi Tang augmentée de longgu et muli. Xiao Jian Zhong Tang correspond à Gui Zhi Tang augmentée de jiaoyi. Huang Qi Jian Zhong Tang correspond à Gui Zhi Tang augmentée de jiaoyi et huangqi. Ainsi, on peut réfléchir au fait qu'autrefois Zhang Zhong-jing utilisait seulement la formule Gui Zhi Tang avec des ajouts et des retraits, et il réussissait ainsi. Comment se fait-il que dès que les [médecins des] générations postérieures voient guizhi ils pensent qu'il s'agit d'une formule pour induire la sudorification lors d'une blessure due au froid (shang han). Ils connaissent seulement l'usage que fait Zhong-jing de Gui Zhi Tang pour traiter la blessure due au froid (shang han) et ils ne connaissent pas l'usage que fait Zhong-jing de Gui Zhi Tang pour traiter la consomption par déficience (xu lao). Si on connait la signification de Gui Zhi Tang pour traiter la consomption par déficience, alors on acquiert la méthode du cœur de Zhong-jing. Gui Zhi Tang est une formule de produits piquants, doux et tièdes. Si [avec cette formule] on boit une soupe de riz chaude et que l'on se couvre chaudement pour obtenir une transpiration, alors il y a émission et dispersion du nutritif (rong) et du défensif (wei) afin de chasser l'agent pathogène externe. [Dans le chapitre 74 du Nei] Jing [Su Wen], il est dit : “Le piquant et le doux émettent et dispersent, [ces saveurs] sont yang” (辛甘发散为阳), on utilise principalement le piquant. Si on ajoute longgu, muli, jiaoyi ou huangqi, alors cela tonifie et consolide le centre et l'extérieur pour traiter la consomption par déficience (xu lao). [Dans le chapitre 74 du Nei] Jing [Su Wen], il est dit : “S'il y a consomption (lao), il faut tiédir (wen)” (劳者温之). [Dans le chapitre 4 du Nei] Jing [Ling Shu], il est dit : “S'il y a insuffisance du yin et du yang, de la forme corporelle (xing) et du qi, ne pas sélectionner l'acupuncture mais harmoniser en utilisant des remèdes doux” (阴阳形气俱不足,勿取以针而调以甘药也). Ainsi, on utilise principalement des [herbes médicinales] tièdes et douces. En déduisant à partir de cela, les natures, les saveurs et les fonctions de toutes les herbes médicinales ajoutées sont infiniment subtiles ». (所谓虚劳里急诸不足者,亦该上条诸不足证之谓也。黄芪建中汤,中外两虚,非单谓里急一证之治也。桂枝龙骨牡蛎汤,即桂枝汤加龙骨、牡蛎。小建中汤,即桂枝汤加胶饴。黄芪建中汤即桂枝汤加胶饴、黄芪也。故尝因是而思仲景以一桂枝汤出入加减,无往不利如此。何后世一见桂枝,即认为伤寒发汗之剂,是但知仲景用桂枝汤治伤寒,而不知仲景用桂枝汤治虚劳也。若知桂枝汤治虚劳之义,则得仲景心法矣。盖桂枝汤辛甘而温之品也,若啜粥温覆取汗,则发散荣卫以逐外邪,即经曰:辛甘发散为阳,是以辛为主也;若加龙骨、牡蛎、胶饴、黄芪,则补固中外以治虚劳,即经曰:劳者温之,甘药调之,是以温以甘为主也。由此推之,诸药之性味功能加减出入,其妙无穷也).
Shen Ming-zong commente : « Bien qu'il inscrive “toutes les insuffisances (诸不足, zhu bu zu)”, en observant la signification de l'établissement de la formule, en vérité cela est plutôt pour la déficience et l'endommagement du qi de la rate, du poumon et des reins. Si le qi de la rate et de l'estomac est affaibli, alors il ne produit plus le poumon, le qi monte à contre-courant et il se forme les tensions à l'interne. C'est pourquoi on utilise Xiao Jian Zhong Tang augmentée de l'herbe médicinale de saveur douce huangqi afin d'harmoniser pour faire en sorte que le [qi] originel (yuan) de la rate soit fortifié et en mouvement, et que le nutritif et le défensif irriguent le poumon, ainsi le qi à l'interne n'est plus en tension et toutes les déficience se rétablissent. S'il y a le qi des mucosités (tan) qui entrave avec souffle court et plénitude thoracique, on ajoute shengjiang qui diffuse et humidifie le qi du centre du thorax. S'il y a plénitude abdominale, on ajoute fuling pour guider l'humidité pour qu'elle soit en mouvement vers le bas. S'il y a déficience du poumon avec le qi des mucosités qui obstrue et va à contre-courant, on ajoute banxia pour nettoyer les mucosités et tranquilliser le contre-courant. Si on observe des symptômes des cinq organes, on effectue les modifications de cette manière, alors cela sera prodigieux et excellent. S'il y a le qi du feu noué à l'interne, à ce moment-là il est possible de supprimer guizhi ».
You Zai-jing commente : « “Les tensions à l'interne (li ji)” sont une déficience à l'interne et un pouls pressé [/tendu] (ji), il y a des douleurs dans l'abdomen avec irradiation. “Toutes les insuffisances (zhu bu zu)”, ce sont les pouls yin et yang qui sont tous insuffisants. Les symptômes de vertiges, palpitations, dyspnée, soif, spermatorrhées, pertes de sang, etc., sont produits en relation avec cela. “S'il y a tension, il faut relâcher (huan)” (急者缓之) (SW-74), on utilise des [produits] doux. “S'il y a insuffisance [/affaiblissement], il faut tonifier (bu)” (衰者补之) (SW-74), on utilise des [produits] tièdes. [“S'il y a consomption (lao), il faut tiédir” (劳者温之), “s'il y a endommagement (sun), il faut tiédir” (损者温之) (SW-74)]. Huangqi est particulièrement forte pour remplir la déficience et pour combler le vide ». (里急者,里虚脉急,腹中当引痛也。诸不足者,阴阳诸脉,并俱不足,而眩、悸、喘、喝、失精、亡血等证,相因而至也。急者缓之必以甘,不足者补之必以温,而充虚塞空则黄芪尤有专长也).
….......
Présentation succincte des commentateurs cités :
Sun Si-miao ( 孙 思 邈) (541-682) est un médecin et taoïste très célèbre de la dynastie Tang (唐代). Il est appelé par les médecins des générations postérieures « le roi des herbes (yao wang 药 王) ». Il a étudié très sérieusement le Nei Jing, le Shanghan Zabing Lun et le Shennong Bencao Jing et a très largement collecté les méthodes thérapeutiques et les formules utilisées par les médecins populaires de l'époque. Il est l'auteur du Qianjin Yaofang (千金要方) et du Qianjin Yifang (千金翼方), deux très volumineux ouvrages de médecine. Dans les neuvième et dixième rouleaux du Qianjin Yifang ( 千 金 翼 方), maître Sun retranscrivit intégralement une version du Shanghan Lun qui comprend 392 articles et intègre 94 formules. Bien qu'il manque quelques articles par rapport à la version tronquée de l'époque Song, le contenu et le style du texte est similaire. Sun Si-miao a regroupé par formules et syndromes similaires les différents articles. Cette version constitue la plus ancienne version du Shanghan Lun parvenue jusqu'à nos jours avec un contenu complet ; aujourd'hui, on l'appelle communément la version Tang du Shanghan Lun. Son œuvre contient également une grande partie des articles du Jingui Yaolüe.
Cheng Wu-ji (成无己) est un très célèbre médecin de la dynastie Jin (金代) qui vécut de 1063 à 1157. Il composa un commentaire du Shanghan Lun intitulé Zhujie Shanghan Lun (注解上 寒伦) qui fut publié en 1144. Cette version comprend les vingt-deux chapitres de la version Song non tronquée. Il fut le premier à faire un commentaire complet (qui est parvenu jusqu'à nos jours) du Shanghan Lun de Zhang Zhong-jing en se basant spécifiquement sur le Su Wen, le Ling Shu, le Nan Jing et le Jingui Yaolüe, qu'il cite abondamment pour expliquer chaque article.
Xu Zhong-ke (徐忠可), aussi appelé Xu Bin (徐彬), est un célèbre médecin de la dynastie Qing. Il eut pour maîtres Li Shi-cai (李士材) et Yu Jia-yan (喻嘉言). Il est l'auteur du Shanghan Fang Lun (伤寒方论) (publié en 1667) et du Jingui Yaolüe Lunzhu (金匮要略论注) (publié en 1671).
Shen Ming-zong (沈明宗) est un célèbre médecin du début de la dynastie Qing. Il fut l'élève du fameux médecin Shi Kai (石楷) de la fin de la dynastie Ming. Chen perdit son épouse étant jeune mais, par la suite, il ne se remaria pas. Il choisi d'entrer corps et âme dans la voie du Bouddhisme Zen (chan zong 禅宗) et se consacra également intensément à l'étude des textes classiques médicaux. Il devint un éminent praticien et acquis une certain réputation médicale. Il étudia attentivement l'œuvre de Zhang Zhong-jing et parmi les commentateurs célèbres, Chen fut particulièrement influencé par Fang You-zhi (方有执, né en 1523) et par Yu Jia-yan (喻嘉言, 1585-1670). Il écrivit le Jingui Yaolüe Bianzhu (金匮要略编注), publié en 1692, le Shanghan Liujing Bianzheng Zhifa (伤寒六经辨证治法) et le Shanghan Liujing Zuanzhu (伤寒六经纂注) publiés en 1693. Il est aussi l'auteur du Xulao Neishang (虚劳内伤), du Wen Re Bing Lun (温热病论) et du Fuke Fuyi (妇科附翼).
You Zai-jing (尤在泾), aussi appelé You Yi (尤怡), est un célèbre médecin de la dynastie Qing qui vécut de 1650 à 1749. Il est l'auteur du Jingui Yaolüe Xindian (金匮要略心典) publié en 1729, et du Shanghan Guanzhu Ji (伤寒贯珠集) publié en 1810 qui sont deux œuvres qui ont eu une profonde influence pour l'étude des théories de Zhang Zhong-jing. Il a aussi écrit le Jingui Yi (金匮翼) (1768).
Wu Qian (吴谦) est un très célèbre médecin de la dynastie Qing qui vécut de 1689 à 1748. Il fut médecin impérial de l'empereur Qian Long (乾隆) qui lui ordonna de compiler une série d'ouvrages de la médecine de l'époque Han afin de corriger les travers de la médecine à cette période. C'est ainsi qu'il passa trois ans à compiler le Yizong Jinjian (医宗金鉴 - Miroir d'Or de la Médecine Ancestrale) composé de 90 rouleaux, divisés en 15 volumes et intégrant 17 rouleaux sur le Shanghan Lun, 8 rouleaux sur le Jingui Yaolüe, 8 rouleaux sur les formules des médecins célèbres, 1 rouleau sur les quatre méthodes de diagnostic, 1 rouleau sur la théorie de cinq mouvements et des six qi, 3 rouleaux sur les méthodes du Shanghan Lun, 5 rouleaux sur les méthodes des maladies diverses, 6 rouleaux sur la gynécologie, 6 rouleaux sur la pédiatrie, 4 rouleaux sur les maladies éruptives, 1 rouleau sur la variolisation, 16 rouleaux sur la médecine externe, 2 rouleaux sur l'ophtalmologie, 8 rouleaux sur l'acupuncture et moxibustion, et 4 rouleaux sur les corrections ostéoarticulaires. L'ouvrage fut achevé en 1742.
___________
Ajout de la rédaction à propos de la maladie de Xu Lao (consomption par déficience). D'après l'appencice n°25 du Shennong Bencao Jing, Ed. de l'Institut Liangshen de médecine chinoise, 2018, p. 964 sqq. Traduction : Yannick Bizien & Abel Gläser.
La consomption par déficience (xu lao 虚劳), les cinq consomptions (wu lao五劳), les sept blessures (qi shang 七伤) et les six extrêmes (liu ji 六极) [déficiences]
Dans le rouleau 3 du Zhūbìng Yuánhòu Lùn (诸病源候论), au chapitre des syndromes de consomption par déficience (xu lao hou 虚劳候), il est dit : « Les consomptions par déficience (xu lao) sont les cinq consomptions (wu lao), les six extrêmes (liu ji) [déficiences] et les sept blessures (qi shang) (夫 虚劳者,五劳,六极,七伤是也) » Dans le Su Wen, au chapitre 23, sont mentionnées les cinq consomptions (wu lao五劳) : « regarder [c’est-à-dire utiliser sa vue] de manière prolongée blesse le sang, rester allongé de manière prolongée blesse le qi, rester assis de manière prolongée blesse les chairs, rester debout de manière prolongée blesse les os, marcher de manière prolongée blesse les tendons. C’est ce que l’on appelle les blessures par les cinq consomptions (久视伤血、久卧伤气、久坐伤肉、久立伤骨、久行伤筋。是谓 五劳所伤。) ». Le Zhūbìng Yuánhòu Lùn (诸病源候论) ajoute : « Concernant les cinq consomptions : la première s’appelle la consomption de la volonté (zhi lao). La deuxième s’appelle la consomption par la réflexion (si lao). La troisième s’appelle la consomption du coeur (xin lao). La quatrième s’appelle la consomption par la mélancolie (you lao). La cinquième s’appelle la consomption avec amaigrissement (shou lao). Par ailleurs, il y a la consomption du poumon (fei lao), où il y a souffle court, oedème du visage et perte de l’odorat ; la consomption du foie (gan lao), où il y a visage et yeux secs et noirs, bouche amère, perte de la vitalité (jing shen), peur avec impossibilité de dormir seul et vision trouble ; la consomption du coeur (xin lao), où il y a étourderie et tendance à la perte de mémoire, selles difficiles ou parfois selles molles comme des crottes de canard et des ulcérations buccales ; la consomption de la rate (pi lao), où il y a souffrance et raideur de la racine de la langue et impossibilité à avaler sa salive ; la consomption des reins (shen lao), où il y a des difficultés à courber ou redresser le dos, les urines qui ne s’écoulent pas, de couleur jaune foncée et avec gouttes post-mictionnelles, douleurs dans la verge, humidité des organes génitaux, abcès des testicules et plénitudes et contractures dans le bas-ventre (五劳者 :一曰志劳,二曰思劳,三曰心劳,四曰忧劳,五曰瘦劳。又,肺劳者, 短气而面肿,鼻不闻香臭。肝劳者,面目干黑,口苦,精神不守,恐畏不能独卧,目视不明。心劳者,忽 忽喜忘,大便苦难,或时鸭溏,口内生疮。脾劳者,舌本苦直,不得咽唾。肾劳者,背难以俯仰,小便不 利,色赤黄而有余沥,茎内痛,阴湿,囊生疮,小腹满急) ». Ceci corrobore le passage du Su Wen, précédemment cité, concernant les gouvernances de chaque organe. Les sept blessures (qi shang 七伤) sont mentionnées dans plusieurs chapitres différents du Nei Jing (aux chapitres 4, 6 et 66 du Ling Shu et au chapitre 73 du Su Wen) que l’on peut résumer ainsi :
1. Les excès d’aliments et de boissons, et les rapports sexuels en état d’ivresse blessent la rate.
2. La grande colère fait monter le qi à contre-courant et blesse le foie.
3. L’excès d’utilisation de sa force physique, porter des poids très lourds, rester assis longtemps sur le sol humide blesse les reins.
4. Le froid au niveau du corps et les boissons froides blessent le poumon.
5. L’épuisement physique et l’endommagement de la conscience mentale (yi 意) blesse l’esprit (shen 神).
6. Les qi externes du vent, de la pluie, du froid et de la canicule blessent le corps physique.
7. La peur et la frayeur immodérées blessent la capacité réalisatrice (zhi 志).
Le Zhubing Yuanhou Lun dit : « Concernant les sept blessures : la première s’appelle le froid des organes génitaux (yin han), la deuxième s’appelle l’impuissance (yin wei), la troisième s’appelle la tension abdominale (li ji), la quatrième s’appelle les spermatorrhées, la cinquième s’appelle le manque de sperme (jing shao) avec humidité sous les organes génitaux, la sixième s’appelle le sperme clair, la septième s’appelle les pollakiuries et les éjaculations précoces (七伤者,一曰阴寒,二曰阴萎,三 曰里急,四曰精连连,五曰精少、阴下湿,六曰精清,七曰小便苦数,临事不卒) ». Puis, il continue en disant : « On dit aussi : la première s’appelle les excès alimentaires qui blessent la rate. Si la rate est blessée, il y a tendance aux éructations, envie de s’allonger et teint jaune. La deuxième s’appelle la grande colère et le qi à contre-courant qui blessent le foie. Si le foie est blessé, il y a manque de sang et vision trouble. La troisième s’appelle l’excès d’utilisation de la force physique, le fait de soulever des poids lourds et le fait de s’être assis longtemps sur un endroit humide qui blessent les reins. Si les reins sont blessés, ils manquent d’essence (jing), il y a douleur des lombes et du dos, et il y a inversion à contre-courant et froid dans les [membres] inférieurs (jue ni xia leng). La quatrième s’appelle le froid du corps et [la consommation de] boissons froides qui blessent le poumon. Si le poumon est blessé, il y a manque de qi, toux et bruits nasaux. La cinquième s’appelle la mélancolie, le chagrin et les réflexions excessives qui blessent le coeur. Si le coeur est blessé, on souffre de palpitations, on a tendance à perdre la mémoire et on a tendance à la colère. La sixième s’appelle le vent, la pluie, le froid et la canicule qui blessent le corps (xing 形). Si le corps est blessé, les cheveux tombent et la peau est desséchée. La septième s’appelle la grande peur et la frayeur démesurée qui blessent la capacité réalisatrice (zhi). Si la capacité réalisatrice est blessée, il y a confusion et impossibilité d’être heureux (又,一曰大饱伤脾,脾伤,善噫,欲卧,面黄。二曰大怒气逆伤肝,肝伤,少血目暗。 三曰强力举重,久坐湿地伤肾,肾伤,少精,腰背痛,厥逆下冷。四曰形寒寒饮伤肺,肺伤,少气,咳嗽鼻 鸣。五曰忧愁思虑伤心,心伤,苦惊,喜忘善怒。六曰风雨寒暑伤形,形伤,发肤枯夭。七曰大恐惧,不节 伤志,志伤,恍惚不乐。) ».
Dans le chapitre 1 du Jingui Yaolüe, Zhang Zhong-jing évoque ces termes de « cinq consomptions, sept blessures et six extrêmes (wu lao 五劳, qi shang 七伤, liu ji 六极) », mais sans explication. Dans l’article 19 au chapitre 6 du Jingui Yaolüe, sont abordés les cinq consomptions (wu lao 五 劳) et les sept blessures (qi shang 七伤), il y est dit : « Lors des cinq consomptions (wu lao) avec déficience extrême et amaigrissement, il y a plénitude abdominale et [le patient] ne peut ni boire ni manger. Lors de la blessure alimentaire (shi shang 食伤), de la blessure par les soucis (you shang 忧 伤), de la blessure par les boissons (yin shang 饮伤), de la blessure par les activités sexuelles (fang shi shang 房室伤), de la blessure par la faim (ji shang 饥伤), de la blessure par consomption (lao shang 劳 伤), de la blessure du qi des méridiens, des collatéraux, du nutritif et du défensif (jing luo rong wei qi shang 经络荣卫气伤), il y a du sang sec à l’interne, la peau du corps est squameuse (jia cuo 甲错), les deux yeux sont noirs et sombres, il faut relâcher le centre (huan zhong 缓中) et tonifier la déficience (bu xu 补虚), on traite avec Da Huang Zhe Chong Wan ». Cette formule est composée de dahuang 10 fen, huangqin 2 liang, gancao 3 liang, taoren 1 sheng, xingren 1 sheng, shaoyao 4 liang, gandihuang 10 liang, ganqi 1 liang, mangchong 1 sheng, shuizhi 100 pièces, qicao 1 sheng, et zhechong ½ sheng. Réduire les douze produits en poudre, en faire des pilules avec du miel, de la taille d’un haricot azuki, administrer cinq pilules avec une boisson alcoolisée, trois fois par jour.
Par ailleurs, dans le chapitre 6 du Jingui Yaolüe, sont présentés plusieurs articles qui traitent de ces consomptions par déficience (xu lao 虚劳), et Zhang Zhong-jing donne des orientations de traitements comme Gui Zhi Jia Long Mu Li Tang, Tian Xiong San, Xiao Jian Zhong Tang, Huang Qi Jian Zhong Tang, Ba Wei Shen Qi Wan, Shu Yu Wan, Suan Zao Tang, Da Huang Zhe Chong Tang et Zhi Gan Cao Tang.
Les six extrêmes (liu ji 六极) sont six sortes d’extrêmes déficiences. Le Zhūbìng Yuánhòu Lùn (诸 病源候论), au chapitre des syndromes de consomption par déficience (xu lao hou 虚劳候), complète en disant : « A propos des six extrêmes [déficiences] : premièrement, il y a l’extrême [déficience] du qi (qi ji气极), qui provoque chez le patient une déficience à l’interne, une insuffisance des cinq organes, les agents pathogènes (xie qi) sont nombreux, le qi correct (zheng qi 正气) est faible, et le patient n’a pas envie de parler. Deuxièmement, il y a l’extrême [déficience] du sang (xue ji 血极), qui provoque chez le patient un teint sans coloration, la chute des poils et des sourcils, de l’étourderie et tendance à la perte de mémoire. Troisièmement, il y a l’extrême [déficience] des tendons (jin ji 筋极), qui provoque chez le patient des crampes musculaires, des douleurs aux dix doigts et aux ongles, des lassitudes qui l’empêchent de se tenir debout longtemps. Quatrièmement, il y a l’extrême [déficience] des os (gu ji 骨极), qui provoque chez le patient des douleurs avec émaciation des membres, des douleurs dentaires, des douleurs intenses des mains et des pieds, l’impossibilité de se tenir debout et il n’a pas envie de bouger. Cinquièmement, il y a l’extrême [déficience] des chairs (ji ji 肌 极), qui provoque chez le patient un amaigrissement et [le teint] sans éclat et sec, les aliments et les boissons n’engendrent [plus] les chairs et la peau. Sixièmement, il y a l’extrême [déficience] de l’essence (jing ji 精极), qui provoque chez le patient un manque de souffle avec bruit respiratoire, une déficience interne, une insuffisance du qi des cinq organes, une chute des cheveux et des poils, de la tristesse et une tendance aux pertes de mémoire (六极者,一曰气极,令人内虚,五脏不足,邪气 多,正气少,不欲言。二曰血极,令人无颜色,眉发堕落,忽忽喜忘。三曰筋极,令人数转筋,十指爪甲 皆痛,苦倦不能久立。四曰骨极,令人酸削,齿苦痛,手足烦疼,不可以立,不欲行动。五曰肌极,令人 羸瘦,无润泽,饮食不为肌肤。六曰精极,令人少气吸吸然,内虚,五脏气不足,发毛落,悲伤喜忘。). »
Institut Liang Shen de Médecine Chinoise
Boulevard de la Tour , 4
1205 Genève